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la feuille volante

NOVECENTO

 

N°930– Juin 2015

 

NOVECENTO - Alessandro Baricco - Feltrinelli.

 

C'est une bien étrange histoire que celle de Novecento, de son vrai nom, si l'on peut dire, Dany Boodman TD Lemon Novecento, puisque ce patronyme lui a été donné par le marin qui l'a trouvé à bord du paquebot « Virginian » sur lequel il est né. On ne sait d'où il vient, il a été déposé là par les émigrants qui voulaient venir en Amérique, ou par des gens riches des premières classes, allez savoir, bref par des gens qui ne voulaient pas de lui ! Le plus étonnant dans cette histoire elle-même étonnante c'est que Novecento n’existe pas officiellement pour l’État-Civil puisqu'il n'est jamais descendu de ce bateau et qu'il n'a jamais été déclaré par personne. Il a grandi sur ce navire et puis un jour, sans jamais avoir jamais appris il s'est assis devant le piano du bord, le même sur lequel il avait été déposé, dans sa boite en carton et s’est mis à jouer, comme cela, d'instinct, sans jamais avoir appris la musique, comme s'il était familier des quatre vingt huit touches de cet instrument… Et le résultat a été extraordinaire. Ceux qui l'écoutaient convenaient qu'ils n'avaient jamais entendu une telle musique, un telle qualité de jazz. Même le flamboyant Jelly Roll Morton, le grand pianiste, l'inventeur du jazz, comme il le disait lui-même, et qui va se mesurer à lui ne pourra l'égaler. Et lui qui joue souvent pour les passagers de troisième classe, gratuitement bien sûr, ne veut pas quitter ce navire et sa vie se déroule toujours sur mer, sa musique ressemble aux rythme des vagues…

 

Novecento est un génie de la musique, mais comme beaucoup de génies il est seul, un peu perdu même dans le microcosme du paquebot et ne veut surtout pas en sortir. Toute sa vie en sera faite que de traversées maritimes. Voir la terre, peut-être, mais de loin, toujours à l'abri du bastingage comme s'il avait le mal de terre, comme d'autre ont le mal de mer ! Alors ? Peur de vivre, d'affronter les autres, les difficultés, peut-être, c'est en tout cas une sorte d'existence passionnée avec la musique pour seule raison en évitant au maximum les contacts avec les passagers hors mis son ami, et tout cela sur ce bateau qui lui aussi vieillit et qu'il accompagne jusqu'à la fin.

 

C'est un monologue, confié au lecteur par l'ami de Novecento, Tim Tonney, un trompettiste fasciné par ce musicien hors norme, une sorte de long poème, une fable un peu fantastique, lue à haute voix comme le préconise l'auteur et en italien pour goûter encore davantage la musicalité de cette langue

 

Hervé GAUTIER – Juin 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com

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