la feuille volante

Le seigneur des fourmis

La Feuille Volante - N° 2005 – Août 2025.

 

Le seigneur des fourmis (Il signore delle formiche) – un film de Gianni Amelio (2022)

 

En 1959, Aldo Braibanti(Luigi Lo Cascio) , écrivain, poète, dramaturge mais aussi membre du Parti communiste italien, antifasciste et passionné de myrmécologie (d’où le titre), revient à Plaisance, sa ville natale et y fonde un club culturel où participent de nombreux jeunes dont Riccardo Tagliaferri (Davide Vecchi), fasciné par l’écrivain. Le frère de Riccardo, Ettore, (Leonardo Maltese) fréquente aussi le club et se rapproche de Braibanti et non seulement une jalousie se manifeste entre les deux frères mais surtout une relation homosexuelle naît entre Aldo et Ettore au point qu’ils s’installent ensemble à Rome. Quelques années plus tard Riccardo retrouve son frère et sa famille le fait admettre dans un hôpital psychiatrique où il subit des électrochocs censés le guérir de ce qui à l’époque était considéré comme une déviance. Braibanti, quant à lui est arrêté et condamné à 9 ans de prison pour « plagio », un délit introduit dans le code fasciste, c’est à dire de manipulations mentales sur Ettore et ce malgré le soutien d’un journaliste (Elio Germano), licencié ensuite pour son aide . Son procès fut retentissant et Aldo fit l’expérience douloureuse du lâchage et du lynchage médiatique. Il fut autorisé à sortir de prison pour l’enterrement de sa mère, Suzanne(Rita Botsello) et à cette occasion renoue avec Ettore, abandonné par sa famille.

 

C’est une adaptation libre d’un épisode de la vie d’Aldo Braibanti (1922-2014) En effet il évoque une affaire judiciaire de 1964. l’instruction dura 4 ans et le procès fut l’occasion d’une volonté de le détruire pour ce qu’il était et notamment communiste et surtout homosexuel. Il fut jugé et condamné mais sa peine fut allégée en appel et notamment à cause de son combat contre le fascisme. Pour autant cette condamnation fut la première mais aussi la dernière du chef du « piagio », disposition héritée du code pénal fasciste et qui fut supprimée ensuite .Ce film mêle fiction et réalité et la critique a pu relever des inexactitudes historiques, notamment au niveau du soutien apporté à l’écrivain, mais c’est le propre d’une recréation que de romancer des faits en se les appropriant. Gianni Amelio a voulu dénoncer ainsi l’Italie homophobe des années 60. Ce film a au moins l’avantage de raviver la mémoire collective, notamment sur la vie et sur l’œuvre d’Aldo Braibanti mais aussi sur l’ambiance délétère et hypocrite de cette période qui me paraît être à l’image d’une société conservatrice et intolérante dont je ne suis pas sûr qu’elle changera un jour.

 

 

 

 
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