LIBERO – Film italien de et avec Kim Rossi Stuart.
- Par hervegautier
- Le 05/02/2011
- Dans Cinéma italien
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N°502 – Février 2011. LIBERO – Film italien de et avec Kim Rossi Stuart. Arte – 3 février 2011 - 20H40.
Il est des films qu'on découvre par hasard lors d'une soirée télé où rien n'est prévu. On zappe et on s'arrête sans savoir pourquoi sur un long métrage, à cause du titre ou des quelques mots de la critique qui l'accompagne... et on se laisse happer par l'histoire. Pour moi, cela a été le cas de « Libero », avec, peut-être cet accent d'Italie qui pourtant ne doit rien au foot-ball.
J'ai bien aimé ce film qui avait toute les chances d'échapper à mon attention [Kin Rossi Stuart m'était complètement inconnu, et je ne suis pas un cinéphile averti]. L'histoire pourrait être banale, en cette fin de XX° siècle en Italie : une famille mono parentale, avec à sa tête Renato, un caméraman un peu paumé mais qui parvient tant bien que mal à maintenir un équilibre précaire dans cette famille secouée par les départs répétés de son épouse. C'est pourtant un père aimant, à la fois colérique et touchant, qui fait ce qu'il peut pour assurer à chacun plus que le nécessaire et que ses enfants adorent. Il cache autant que possible les errances amoureuses de Stefania qui pourtant débarque un soir, désireuse de réintégrer le domicile conjugal. Pour cela elle supplie tout le monde, fait à tous des promesses de fidélité qu'elle ne tiendra pas. Renato, peu convaincu finit par plier cependant, Viloa, la fille un peu naïve y croie mais Tommi, un préadolescent écorché-vif à qui l'inconduite de sa mère n'a pas échappé ne se fait guère d'illusions. Tout reprend donc comme avant, en apparence seulement, mais Stefania, immature jusque dans l'éducation de sa progéniture en fait beaucoup trop pour être crédible. Elle manie l'hypocrisie autant que l'amnésie mais finit par céder aux sirènes de l'adultère.
Le spectateur voit ce film à travers les yeux de Tommi [Alessandro Morace, à la fois émouvant et incarnant parfaitement cet enfant que les événements font grandir trop vite]. Certes, sa sœur fait ce qu'elle peut pour tenir auprès de lui le rôle de la mère absente, mais on le sent comme étranger à ses efforts. C'est lui qui regarde le monde des grands, de loin, parfois à la jumelle, mais toujours solitaire. On le voit marcher dangereusement au bord du toit, escalader les murs... et regarder le vide avec une certaine attirance. C'est surtout sur lui que pèse cette situation délétère et qui l'empêche de vivre son enfance comme les autres. En classe, il est maladivement timide devant les filles et se rapproche de l'élève rendu muet par un drame familial, un peu comme celui qu'il connaît chez lui. Cet épisode accentue encore davantage sa solitude. Avec son camarade de l'immeuble où il habite, il ne peut, malgré une invitation, partager avec lui des vacances à la neige, comme si ce genre de joies familiales lui étaient définitivement interdites. On imagine ce que sera sa vie d'adulte ensuite ! C'est lui qui rappelle à sa mère que lors d'une de ses maladies infantiles elle était encore une fois absente ! C'est lui qui fait remarquer à son père que Stefania ne perdra jamais ses mauvaises habitudes. C'est lui aussi que pressent le prochain départ de sa mère quand il la voit discuter avec un homme lors du vernissage de l'exposition. Il réagit comme il le peut, au passage en chagrinant son père qui pourtant était attentif à ses performances sportives, en délaissant la piscine pour le foot-ball. C'est aussi sur lui, sans doute parce qu'il est le plus faible, que s'abat l'ire paternelle.
On imagine le calvaire de cet homme qui maintient un semblant de vie familiale mais à qui le quotidien se charge de rappeler en permanence qu'il a choisi la mauvais personne pour partager sa vie. Tant qu'il n'acceptera pas un éventuel divorce (et probablement ne il fera-t-il pas ne serait-ce que pour ne pas traumatiser durablement ses enfants), il connaîtra cet opprobre. Ce film passe sur cette chaine au moment où on parle des ravages occasionnés par la séparation des parents sur la vie de leurs enfants.
Ce film est émouvant et bien en phase avec la société actuelle. La psychologie des personnages est dessinée toute en finesse et d'une manière juste et épurée, ce qui tranche peut-être avec l'idée qu'on se fait du cinéma italien traditionnel, exubérant et démonstratif. Je veux retenir la dernière image du film, celle où Renato accède enfin à l'envie qu'a Tommi de jouer au foot-ball, lui conférant sa vraie place au sein de cette famille déchirée, lui rendant son sourire : « Anche libero va bene » !
©Hervé GAUTIER – Février 2011.http://hervegautier.e-monsite.com
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