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la feuille volante

Vers un avenir radieux.

La Feuille Volante - N° 2009 – Août 2025.

 

Vers un avenir radieux (Il sol dell’avvenir) – Un film de Nanni Moretti.(2023)

 

Le titre « Il sol dell’avvenire » est une citation partielle d’un chant révolutionnaire antifasciste italien « Fischia il vento » écrit en 1943 dont l’air est connu.

Il y a plusieurs histoires dans ce film qui est une mise en abyme à la fois délirante et égocentriste. Giovanni (Nanni MorettiI) est un réalisateur vieillissant, marié à Paola (Margherita Buy), productrice , qui a choisi, pour la première fois un autre réalisateur que son mari. Elle finit par lui avouer vouloir le quitter, non pour une banale coucherie avec un autre homme mais pour vivre seule dans un appartement qu’elle vient de louer, la solitude volontaire étant une bonne solution à l’incompréhension conjugale. Elle consulte d’ailleurs depuis longtemps et à son insu un psychanalyste (Teco Celio). Giovanni fait face comme il peut avec des médicaments mais cela tombe plutôt mal pour lui puisqu’il tourne un film sur la réaction d’une section du parti communiste italien face à l’insurrection de 1956 à Budapest écrasée par les chars russes. Le responsable de la section, Ennio (Silvio Orlando) a justement invité un cirque hongrois et ces événements divisent les artistes autant que les membres du parti. Traditionnellement le PCI se doit de soutenir l’URSS comme souhaite le faire Ennio mais Vera (Barbora Bubolova), pourtant militante, se rebelle contre cette position doctrinaire. De plus, Giovanni est contraint d’interrompre son tournage parce que Pierre Cambou (Mathieu Amalric) son producteur français, a des problèmes d’argent et de se tourner, mais en vain, vers Netflix pour le financer. Par extraordinaire, des producteurs coréens acceptent le projet mais Giovanni bouleverse le scénario au dernier moment. Sa fille le délaisse pour un homme beaucoup plus âgé qu’elle.

On a un peu de mal à suivre ce qui est une mise en abyme, les phases dépressives et un peu folles et parfois drôles de Giovanni, ses décisions au cours du tournage, ce qui peut-être une sorte de règlement de compte avec Netflix, sans doute plus sensible à la rentabilité du film qu’à son côté artistique.

J’aime bien Moretti et j’ai été surpris par ce film qui, présenté à Cannes, est reparti sans aucune distinction. Il est surtout question de lui qui, contrairement à « Journal intime » abandonne sa vespa pour une trottinette électrique, mais ce n’est qu’un détail anecdotique, peut être pour paraître plus jeune. On est loin de l‘ambiance de « Mia madre », de « La chambre du fils » ou de « Tre piani » même si certains thèmes reviennent en filigranes comme une sorte d’obsession (le cinéma, les enfants, la famille, la fragilité...)., même s’il renoue avec la parade très fellinnienne de la fin comme celle qu’il nous montre dans « Tre piani » et qui peut-être regardée comme un « happy end », une réconciliation, et aussi une réalisation de l’utopie de Marx et Engels. De plus en faisant figurer dans ce défilé tous les acteurs du film mais aussi ses acteurs fétiches qui n’y apparaissent pas, Moretti semble vouloir remettre le cinéma, et spécialement le cinéma italien au premier plan et inviter son public à le suivre dans les salles obscures où les films se goûtent davantage que devant un ordinateur .

 

 

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