la feuille volante

Hommes qui ne savent pas être aimés

N°1909– Juillet 2024.

 

Hommes qui ne savent pas être aimés – Yasmina Reza – Albin Michel.

Adam, la cinquantaine, est un écrivain qui n’a jamais vraiment connu le succès ou, pour dire les choses plus crûment, c’est un écrivain raté, qui vit très mal cet échec. Il a des états d’âme au sujet de son dernier livre. Il est aussi en crise avec sa femme qui, après avoir soutenu ses tentatives littéraires, ne l’aime plus et parce que son mariage n’est pas vraiment une réussite, et comme si cela ne suffisait pas on vient de lui diagnostiquer un glaucome qui affecte un de ses yeux et pire peut-être. Tout cela n’arrange pas son hypocondrie naturelle qu’il combat en allant méditer, en ce jour, au jardin des Plantes. Il y rencontre par hasard Marie-Thérèse, une copine de lycée célibataire qu’il n’avait pas revue depuis trente ans. Elle est représentante en objets publicitaires, n’a rien de commun avec Adam. Elle ne sait même pas qu’il est devenu écrivain ce qui accentue son mal-être .Elle n’est pas une intellectuelle comme lui, bien au contraire, elle n’a pas d’états d’âme, prend la vie comme elle vient et semble insensible à toutes les difficultés. Malgré cela on imagine facilement une passade rapide entre eux, mais rien ne se passe comme prévu. Lors de leur rencontre, le souvenir d’une autre camarade, Alice, est évoqué ou plus exactement sa mémoire puisqu’elle s’est suicidée à trente ans. Elle était l’amie de Marie-Thérèse et l’objet des fantasmes d’Adam. L’espace d’un instant, son fantôme revit à travers une lettre qu’elle a jadis envoyée à Marie-Thérèse et qu’elle montre à Adam.

le style, direct et indirect, volontairement haché ou s’étalant dans des phrases démesurément longues, mélangeant le passé et le présent, les détails et les idées générales, donne une ambiance à la fois malsaine, déprimante, distillant volontairement un ennui prégnant, une solitude pesante, une certaine lassitude de vivre .

Un peu comme à chaque fois avec Yasmina Reza, le livre un fois refermé, je sens une certaine perplexité m’envahir. Je la lis parce que j’ai bien aimé certains de ses romans,. Ici elle parle avec pertinence de la situation de cet écrivain raté, des états d’âme qu’il peut éprouver face à l’écriture, à la notoriété, à l’impossibilité d’écrire, au temps qui passe avec la nostalgie qui va avec, à la vieillesse qui vient et altère tout. S’y ajoutent l’impossibilité des rapports entre les gens, de l’amour qui est fongible et consomptible comme toutes les choses humaines, l’impossibilité d’être heureux...A titre personnel je partage ce que je viens de lire.

 
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