Un mari idéal
- Par hervegautier
- Le 04/02/2018
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La Feuille Volante n° 1214
Un mari idéal – Leah McLaren – Albin Michel.
Traduit de l'anglais par Clara Lavaste.
Nick et Maya sont mariés. Lui est un important publicitaire et elle, actuellement mère au foyer après la naissance, voici trois ans, des jumeaux Foster et Isla, a renoncé à une brillante carrière d'avocate, mais pas au grand train de vie que lui assure les revenus de son mari. Nick, à peine 40 ans, est déjà lassé du mariage, cultive les aventures et songe à divorcer mais ce ne sera pas facile parce que le droit de la famille était la spécialité de Maya quand elle était avocate, sans compter ce que ça va lui coûter ! Gray, avocat, mais aussi ami du couple depuis longtemps, lui conseille de devenir le mari idéal, le père attentionné qu'il n'a peut-être jamais vraiment été et surtout d'encourager Maya à reprendre son métier d'avocat, ne serait-ce que pour minorer le montant de la pension alimentaire qu'il devra lui verser en cas de divorce. Et tant pis si le mensonge est gros ! De son côté elle qui rêve d'autre chose et au début s'engage entre eux une sorte d'épisode où la séduction le dispute à la comédie, mais Nick se prend au jeu et retombe amoureux de sa femme. Quand il avait souhaité que Maya retravaille, il ne croyait pas si bien dire, parce que, de son côté, c'était son souhait et c'est précisément à Gray qu'elle demande de la réinsérer dans le monde du travail, sans toutefois savoir que l'idée vient de lui. La réaction favorable de Nick est étonnante mais finalement logique puisqu'elle sert ses intérêts, mais Maya s'étonne un peu de voir son mari accepter en même temps la reprise de ses activités professionnelles et son nouveau rôle de père. C'est un peu comme une renaissance de son mariage qui s'enlisait dans le quotidien. Le plus étonnant est qu'elle s'en ouvre à Gray, devenu son collègue de travail, mais, elle ne le sait pas encore, secrètement amoureux d'elle depuis toujours.
J'ai été assez long à entrer dans cette histoire qui bien souvent s'égare en longueurs, mais j'ai cependant poursuivi ma lecture, plus intéressé que vraiment passionné, jusqu'à la fin, ne serait-ce que pour découvrir un épilogue qui tardait un peu. Elle tient sa réalité d'une idée un peu bizarre d'un ami du temps de l’université qui ressemble à un coup de poker et qui révèle la vraie nature de cette amitié. Cela n'est pas vraiment une nouveauté tant l'espèce humaine se démasque à travers le mensonge, l'hypocrisie, l'envie, la volonté de ne pas laisser passer une opportunité quel que soit par ailleurs le prix à payer pour cela et ce malgré tous les serments, les bons sentiments affirmés, les apparences derrière lesquelles on se retranche souvent. Elles sont trompeuses, l'actualité judiciaire nous le rappelle opportunément, et quand il s'agit du couple, c'est encore pire. Les portes refermées sur son intimité cachent parfois des évidences qui étonnent les proches et les révélations sur chacun des conjoints prennent une dimension surréaliste tant elles sont différentes de cette réalité qu'on croyait établie. J'ai longtemps craint, tout au long de ma lecture, d'avoir affaire à un de ces scénarios connus d'un couple en instance de séparation, avec, dans l'ombre, le tiers, plus ou moins amoureux qui attend son heure, un de ces romans à l'eau de rose qui font le bonheur des lecteurs d'ouvrages publiés par certaines maisons d'édition spécialisées. Le titre et la couverture en donnaient des prémices inquiétantes. Nous sommes dans une société nord-américaine de la classe supérieure où traditionnellement les épouses ne travaillent pas et font de parfaites femmes d'intérieur qui se chargent des enfants et participent à des activités hors de leur foyer. Que Maya qui choisit de rompre cet équilibre en reprenant un travail qui la passionne, en ressente de la culpabilité, je peux l'admettre, à condition qu'elle ne se sente pas fautive en permanence comme cela semble être le cas, d'autant qu'elle est, sans le savoir, à la fois l'objet de cet arrangement où l'argent n'est pas absent, l'enjeu de cette idée finalement très intéressée et finalement la personne qui permet à Nick de redevenir ce mari idéal que son quotidien avait quelque peu masqué.
Je n'ai pas vraiment senti « l'humour ravageur » dont parlent la quatrième de couverture et les nombreux commentaires que j'ai pu lire, pas apprécié non plus le style assez ordinaire. J'ai trouvé un peu légère cette idée saugrenue, mais pas innocente, de Gray et la facilité avec laquelle Nick l'acceptait. Le fait qu'elle se retourne contre son auteur me parait tenir du « happy end » un peu facile qu'on ne rencontre pas toujours dans la vraie vie. J'ai plutôt vu une certaine critique de la société nord-américaine qui fait prévaloir l'argent, celle du mariage, la prise en compte de l'usure du couple et l'illusion de chercher ailleurs ce qu'on a chez soi, une étude de personnalités face à un tournent dans la vie personnelle, bref quelque chose d'assez peu original. Cependant, je ne regrette pas d'avoir poussé à son terme ma lecture de ce roman que Babelio et les éditions Albin Michel m'ont fait parvenir, ce dont je les remercie, même si je l'ai fait sans véritable passion.
© Hervé GAUTIER – Février 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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