MERCURE
- Par hervegautier
- Le 02/08/2014
- Dans Amélie Nothomb
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N°775 – Août 2014.
MERCURE- Amélie Nothomb – Albin Michel (1998)
Nous sommes en 1923 et une infirmière, Françoise Chavaigne, gagne l'île de Mortes-Frontières où elle doit soigner la pleurésie d'une jeune fille, Hazel, qui vit là avec un vieil homme, le capitaine Omer Loncours. Elle apprend de la bouche de ce dernier qu'il l'a recueillie à la suite d'un bombardement qui l'a laissée affreusement défigurée.D'emblée des relations de confiance s'installent entre les deux femmes ; pourtant, la consigne est de ne pas parler de cet événement ni évidemment de son aspect physique.. sous peine de mort ! Elle ne tarde pas à s'apercevoir que l'absence de miroirs, d'objets réfléchissants et la position des ouvertures vitrées lui interdissent de se voir. Elle apprend que le vieil homme couche avec Hazel et aussi l'existence d'une autre femme, Adèle, que le capitaine à sauvé de la mort quelques vingt ans auparavant, qu'il a séquestrée en lui faisant croire qu'elle avait été défigurée par un incendie et qui se serait suicidée. Dans les deux cas il s'agit d'un mensonge entretenu par le capitaine alors que les deux femmes sont d'une éclatante beauté.
J'ai eu l'impression de lire un roman policier mais ce n'en est pas un. En revanche j'ai bien eu le sentiment d'être en présence d'un roman à l'eau de rose, par ailleurs peu convaincant, avec ses développements sur l'amour, le bonheur, le consentement à l'acte sexuel, la jalousie, la volonté de demeurer incarcérée c'est à dire sous l'emprise de Loncours, la virginité et sur les personnages stendhaliens. La localisation sur une île, dans un manoir sombre ajoute un côté exotique et même un peu théâtral, du genre « unité de lieu », à moins que cela n'évoque le jardin d'Eden, au moins pour le capitaine. Le jeu de mots facile sur les noms des femmes et surtout sur celui du vieillard n'ont pas non plus retenu mon intérêt (O.Loncours pour « capitaine au long cours » qu'il était effectivement).
Je note cependant que le concept de résurrection que j'avais déjà remarqué dans « Le fait du prince » (La Feuille Volante n°772) revient sous sa plume. En effet l'auteure présente Hazel comme la réincarnation d'Adèle ce qui peut-être à mes yeux une piste intéressante, c'est peut-être aussi tout simplement un fantasme ou une obsession d'Amélie Nothomb ! L'arrivée dans la vie du capitaine d'Hazel est présentée comme un cadeau des dieux, un bienfait du hasard, Pourquoi pas après tout mais on peut parfaitement voir aussi dans cet homme vieillissant, un sadique et un vicelard ?
L'épilogue d'un roman est toujours attendu par le lecteur. J'ai déjà dit dans cette chronique que le « happy-end » ne me plaît pas du tout et la première version emprunte beaucoup au roman feuilleton pour midinettes. Ici, c'est peut-être un avantage puisqu'il est double, un peu comme si le lecteur avait le droit de choisir. Là aussi pourquoi pas ? Je choisis quand même d'y voir quelque chose qui, en tant qu'auteur, m'a toujours étonné, c'est la liberté de personnages dont j'ai pu vérifier personnellement qu'elle existe et pas seulement en tant que concept. Quand on écrit une fiction, on a une idée assez précise du scénario mais il arrive parfois qu'au cours des développements une histoire différente s'impose à vous, et vous vous laissez faire en vous demandant où tout cela va vous mener...Mais là aussi, c'est peut-être moi qui divague !
©Hervé GAUTIER – Août 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
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