Kim Un Su
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sang chaud
- Par hervegautier
- Le 10/01/2021
- Dans Kim Un Su
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N° 1523 – Janvier 2021
Sang chaud – Kim Un-Su – Éditions Matin Calme
Traduit du coréen par Kyungran Choi et Lise Charrin.
Huisu est un petit truand qui a eu une enfance difficile sans père, entre errance et prison et, dans sa quarantaine triste, est condamné à vivre dans l’ombre de son mentor, le parrain local Père Sohn, c’est à dire à vivoter alors qu‘il voudrait monter son propre réseau et fonder une famille dont il rêve depuis longtemps avec Insuck, l’ex-prostituée et patronne de bar dont il est amoureux depuis l’enfance. Il n’a pour tout horizon, dans ce quartier de Guam de la ville portuaire sud coréenne de Bassan, que les dettes qui le hantent, une chambre d’hôtel minable qui sent l’alcool et le tabac, quelques moments intimes avec des filles de passage qui ne reviennent pas et une dépression qu’il soigne mollement aux anxiolytiques. Il n’a pas d’autres voies que la pègre, ses trafics et ses violences et cela l’angoisse. Cette période n’est donc pas vraiment faste pour lui d’autant que des guerres sont en train de s’ourdir entre truands pour la possession de territoires et la conquête de zones d’influence. Il va donc être entraîné un peu malgré lui dans cette lutte à mort.
On ne compte plus les trahisons à l’intérieur de chaque clan à cause de vieilles rancunes, les menaces de mort, les passages à tabac entre voyous, les coups de couteaux meurtriers, le tout sur fond de drogue, de corruption des autorités, de dettes de jeu, de séjours en prison, de racket des petits commerçants, le commerce légal aux mains des truands ne servant finalement qu’à blanchir l’argent sale. Bref, dans ce monde interlope il y a beaucoup d’hémoglobine et de luttes de « grands frères » et Huisu, trop naïf et désireux de rester fidèle à son protecteur, a beaucoup de mal à s’y retrouver . L’épilogue a cependant quelque chose de faussement calme dans cette atmosphère de violence et de mort.
C’est un peu, dans le contexte de la pègre sud coréenne, la marque de l’évolution des choses. Les anciens avaient établi des codes que chacun respectait alors que maintenant l’appétit de jeunes loups voudraient les renverser et faire leur propre loi.
Je suis peu coutumier des romans coréens et celui-ci a bien failli me tomber des mains à plusieurs reprises. Je l’ai cependant lu jusqu’au bout à cause de ma participation à un jury littéraire. C’est un roman noir où les cadavres se multiplient, même si Huisu qui n’oublie pas son projet de mariage avec Insuck, échappe de justesse à ce charnier ? mais quel sera son avenir ?