Jan Laurens Siesling
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LE MAÎTRE DE LA-TOUR-DU-PIN - Jan Laurens Siesling
- Par hervegautier
- Le 08/05/2010
- Dans Jan Laurens Siesling
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N°424– Mai 2010
LE MAÎTRE DE LA-TOUR-DU-PIN – Jan Laurens Siesling - Éditions « Le temps qu'il fait. »
Cette histoire, celle de la vie d'un peintre anonyme, a quelque chose de captivant peut-être justement parce que son nom n'est pas resté attaché au triptyque qu'il a réalisé lors de son passage dans cette ville. D'après lui, il a tout fait pour rester inconnu, ne laissant pour trace que cette œuvre, et c'est sans doute pour cela qu'il a attiré mon attention. Il n'a pas signé mais a seulement prêté ses traits, selon l'auteur, à un personnage secondaire, voire surnuméraire du tableau.
Au début du XVI°siècle, un peintre, accompagnée de sa chère Madeleine, de retour d'Italie, tombe gravement malade à La Tour du Pin où il est soigné par les religieuses de l'Hôtel-Dieu. Il lie connaissance avec l'abbesse, à qui il trouve quelque charme, qui lui commande un triptyque pour la salle des malades. Cependant, lui qui ne jure que par la Saint Suaire, devra exécuter un travail avec pour thème la piété de Notre-Dame et la crucifixion. En reconnaissance des soins apportés par les nonnes, il accepte de réaliser ce travail, d'autant plus volontiers que l'évêque de Vienne donne son accord tout en lui demandant de rédiger un texte retraçant son expérience dans le domaine de la peinture. Ce sera donc pour lui l'occasion de remonter le temps, de faire revivre son enfance dans le Brabant où il entre en apprentissage chez le maître de Kalkar où il découvre l'œuvre de Hubert de Eyck. Puis, après la mort de son père, c'est le départ et la rencontre à Alkmaar avec des peintres de renom. Puis ce sera Bruges, Gand, la découverte des peintres qui ont fait la renommée de cette école. Grâce à ses voyages, il fait le point sur ses connaissances (« la manière flamande n'est qu'une manière parmi d'autres »), les remet peu ou prou en question mais est reçu maître, à son tour, à Alkmaar. Puis, c'est à nouveau le départ pour Anvers, puis Aix La Chapelle, Cologne... et l'Italie, berceau de tous les arts. Il y améliorera son style au contact des maîtres transalpins.
Pour autant, ce travail d'écriture, en marge de de celui de peintre, devra, à la demande même du prélat, être en accord avec la morale chrétienne, ce qui est peut-être un peu frustrant, mais qu'importe. Seul son triptyque compte et il le réalisera, à la fin à ses propres frais, autant en remerciement de sa guérison qu'en l'honneur de cet abbesse un peu énigmatique. C'est une manière aussi d'accompagner dans la mort sa chère compagne autant que pour soulager les souffrances des malades accueillis dans cet établissement.
C'est là un ouvrage attachant écrit en français par cet auteur néerlandais, dans une langue dépouillée et agréable à lire, un livre bien documenté, agréablement érudit. L'auteur fait ici honneur à sa formation d'historien de l'art, de critique aussi. Dans cette biographie imaginaire mais parfaitement crédible, l'auteur s'identifie à cet inconnu, endosse la personnalité de cet artiste, nous fait partager ses remarques sur les femmes, sur la mort, ses révoltes, ses rêves, ses états d'âme.
Il plonge son lecteur dans l'atmosphère de ce siècle renaissant, baigné de religiosité un peu naïve mais surtout dans une expérience humaine unique, celle de laisser une œuvre d'art après soi, tout en étant suffisamment humble pour ne pas la signer et même pour en assumer les frais.
C'est à la fois un bon moment de lecture autant que l'évocation d'une époque et de son empreinte artistique.
© Hervé GAUTIER – Mai 2010.http://hervegautier.e-monsite.com
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