Luigi Lunari
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Fausse adresse
- Par hervegautier
- Le 21/10/2023
- Dans Luigi Lunari
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N°1784– Octobre 2023
Fausse adresse – Luigi Lunardi. (Pièces de théâtre)
Titre original « Tre sull’’altalena » - Trois sur une balançoire.
Bienvenue en absurdie.
Un PDG qui a un rendez-vous galant, un ancien militaire qui vient récupérer du matériel et un professeur qui vient chercher les épreuves de son livre arrivent à dans un même lieu alors qu’ils pensent être à trois adresses différentes. Chacun tente donc de persuader l’autre qu’il s’est trompé mais quand les portes, le téléphone et le réfrigérateur se comportent d’une manière bizarre, le doute s’installe. Dans le même temps on assiste à une alerte pour un exercice anti-pollution ce qui confine ces trois hommes dans ce lieu en se demandant ce qu’ils y font. De là à penser qu’il sont déjà morts, au Purgatoire et en instance de Jugement dernier, il n’y a qu’un pas ! De guerre lasse, chaque personnage tente d’apporter une solution à ce problème en fonction de sa personnalité, angoisse et croyance pour l’un, réalisme voire indifférence pour l’autre, certitude et logique pour le troisième de sorte que dans cette situation pour le moins bloquée, rationnel et irrationnel se côtoient. Un quatrième personnage, apparaît, venu de nulle part et énigmatique dans son discours comme dans son attitude de sorte que chacun des trois protagonistes ne sait plus s’il est dans la réalité ou dans un ailleurs inconnu. Ce personnage est une femme et ce n’est pas un hasard, comme n’est pas un hasard non plus qu’elle n’appartient pas à la même catégorie sociale des trois autres. Elle est à la fois leur subconscient et celle qui va mettre un point final à cette aventure.
Cette pièce est pleine de quiproquos du fait que trois adresses différentes mènent au même endroit, comment trois personnages peuvent-ils avoir rendez-vous dans un même lieu pour des raisons si différentes, comment la porte par laquelle un personnage est entré n’obéit qu’à lui et pas aux autres et comment un réfrigérateur banal peut-il délivrer des boissons chaudes ou froides selon le vœux du demandeur ? Sur le plan de la forme, cette pièce respecte les règles classiques d’unité de temps de lieu et d’action mais c’est aussi une œuvre où sont abordées non sans humour (ce qui en fait quand même une comédie compte tenu notamment de la promiscuité des personnages) nombre des questions bien actuelles, sur la responsabilité humaine, le libre arbitre, la prédestination, l’existence de Dieu, sa justice, la mort, l’aveu des fautes, des discussions sur l’Évangile, des réflexions existentielles sur la société et la façon dont elle est composée… pas si absurde que cela finalement !
Crée pour la première fois à Milan en 1990, cette pièce a été traduite et jouée en vingt- deux langues. Elle est due à Luigi Lunari (1934-2019), dramaturge, écrivain, essayiste et chef d’orchestre italien.