Iegor Gran
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Thriller – Iegor Gran
- Par hervegautier
- Le 11/01/2011
- Dans Iegor Gran
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N°493– Janvier 2011.
Thriller – Iegor Gran- P.O.L.
Norman Mayfield est maintenant professeur d'économie à l'université de Berkeley. Il ne songe qu'à une chose : résoudre l'équation de l'économie sociale. Suzanne est son épouse « qui serait jeune dans sa tête... mais qui fait bien ses quarante six balais, peut-être même davantage. » Ils forment ensemble un couple classique et un peu superficiel d'Américains. Avec le temps (vingt ans de vie commune) ils se sont installés dans la routine, il est content de lui mais elle s'ennuie un peu malgré son emploi, toutes les marques extérieures de cette réussite et elle lui reproche une certaine forme d'immobilisme. Pour palier cette situation qu'elle juge délétère, elle prend un amant en la personne de Lorch, « le doyen... un peu soporifique ... qui s'accroche à son poste comme à son cardiogramme », et cela fait dix ans que cela dure ! Au cours du récit, il sera présenté comme un vieux-beau, infatué de lui-même, divorcé, tombeurs de ses étudiantes et fervent lecteur du Kama Sutra. C'est pourtant lui que choisit Suzanne, mariée et mère de famille, pour s'encanailler. Ils se plaisent réciproquement, deviennent amants et vivent une liaison régulière et enflammée sans que Norman ne se doute de rien, passionné qu'il est par son travail et ses recherches.
Le tableau se complète par La Fayette, un ami de Norman et Syd, l'adolescent féru d'informatique et enfant du couple.
Cette histoire commence par une salade au saumon consommée chez Norman et le rappel d'un épisode oublié de la vie de ce dernier. Il aurait dérobé un portefeuille à un clochard, ce qui, pour un professeur d'université n'est guère reluisant. Il prétend ne pas s'en souvenir et d'ailleurs, au cours de cette fiction, la mémoire semblera lui manquer douloureusement. L'épilogue en donnera la raison. Dans le même temps, une femme blonde est étranglée sur un terrain vague près de chez les Mayfield.
Jouant sur cette amnésie que le lecteur peut supposer feinte, Lorch, désireux sans doute de justifier sa propre turpitude, fait naître dans l'esprit de Suzanne l'existence d'une passade entre une étudiante et son mari. Non seulement elle y croit, mais soupçonne Norman d'être l'auteur du crime du terrain vague. L'installation de caméras de surveillance dans l'enceinte de l'université, présentée un temps comme devant établir la faute de Norman, se révèle être un leurre mais fait, un temps, illusion. Désireuse sans doute de masquer son adultère, Suzanne apparaît comme une mythomane un peu déjantée, accusant son mari du crime du terrain vague, sans doute pour mieux d'en débarrasser. Tout cela trouvera son explication à la fin même si l'épilogue est à la fois surprenant et un brin artificiel.
Le style peu académique, incisif et caustique, plein d'apartés que je préfère appeler longueurs, ne sert pas le suspense qui est censé baigner le récit. Quant aux notes de bas de page relatives à l'économie, elles n'apportent rien de pertinent ni d'intéressant pour un lecteur ordinaire. L'intervention du narrateur baptisé « le psychopathe » vient seulement compliquer les choses mais sûrement pas rendre le récit plus passionnant. Quant à l'existence du « journaliste bidonneur » et du docteur Lane...
Finalement tout rentrera dans l'ordre, Norman, après une opération au cerveau, retournera à ses travaux (sa tumeur au cerveau lui occasionnait des pertes de mémoire), Suzanne mettra fin à son aventure amoureuse en se consacrant à sa famille et à son mari, Lorch prendra enfin sa retraite et Cyd s'installera dans la société de consommation. Tout sera « pour le mieux dans le meilleurs des mondes » en quelque sorte. Ou, pour parler plus simplement : beaucoup de bruit pour rien !
Je ne connaissais pas cet auteur. Ce n'est pas avec ce roman, qui sans doute se veut drôle, que je continuerai à le lire.
©Hervé GAUTIER – Janvier 2011.http://hervegautier.e-monsite.com