Pierre Michon
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RIMBAUD LE FILS-
- Par hervegautier
- Le 21/06/2014
- Dans Pierre Michon
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N°89 – décembre 1991.
RIMBAUD LE FILS- Pierre Michon – Gallimard.
Enfin quelque chose de différent sur Rimbaud, quelqu'un qui ne pontifie pas sur sa poésie, son écriture nouvelle, sa vie aventureuse, en un mot tout ce dont on nous rebat les oreilles depuis un an. Non, Michon explique, avec une bonne dose de subjectivité, mais qu’importe, la naissance de Rimbaud, coincé entre son capitaine de père, absent de surcroît, et son étouffante mère, avec pour seul phare Izambard... mais un phare qui sera vite abandonné !
Et puis il y a le monde, son décor, ses fantasmes, les espoirs qu'il suscite... C'est donc une antibiothérapie de Rimbaud, une vie revue et recréee par l'imagination, à travers la mémoire collective et la faconde mêlée au délire. Rien à voir avec la biographie officielle d'ailleurs difficile à suivre. Ici, le portrait qui est brossé est le résultat d'images diverses et contradictoires où les charmes du portrait le disputent au velléités de l’autoportrait.
Michon dissèque et dénonce, rappelant qu'il n'y a ni grands hommes ni grands poètes en ce monde mais un ramassis d'idées reçues, de clichés, de certitudes faussement acquises ou savamment tissée et tenues dès lors pour établies. Tout le monde y passe, de Banville dont la personnalité ne vaut sans doute que parce qu'un certain Rimbaud lui écrivit un jour, à Verlaine, astre pâlissant de la poésie au regard du soleil que son ami portait en lui, en passant par Paul Demy qu'on ne connaît que parce que ce même Rimbaud lui écrivit une lettre où il était question de « voyant » … Et par-dessus tout cela il y a l'intuition d'être à la charnière de deux mondes, l’ancien et le nouveau et la certitude de n'appartenir ni à l'un ni à l'autre, d'être d'une autre époque et en même temps de vouloir être à l'image de ce Parnasse vers lequel il lorgne et de ce Harar qui fut sa perte. Un monde à la fois trop étroit pour lui et ses ambitions littéraires comme Charleville et trop grand comme ce désert africain où il eut « son or ». Un monde où les enthousiasmes et les les espoirs les plus fous ne résistent pas à l'usure du temps et aux désillusions, un monde qu'on aime, qu'on désire, qu'on conteste et qu'on finit par épouser !