Alain Bouchon
-
Niort et la main morte
- Par hervegautier
- Le 28/04/2018
- Dans Alain Bouchon
- 0 commentaire
La Feuille Volante n° 1240
Niort et la main morte – Alain Bouchon – Le geste noir.
C'était quand même bizarre que Catherine Valet, lieutenant de police de la Criminelle parisienne, soit ainsi désignée pour venir enquêter sur une mystérieuse affaire : A l'occasion de travaux de réfection dans la mutuelle d'assurance niortaise « La Master » on avait découvert la main d'une femme et on soupçonnait que le reste de son corps devait bien se trouver dans les doubles-cloisons de cet établissement. De quoi réveiller la torpeur de cette ville de province, même si la police locale était ainsi désavouée. Elle était certes originaire de cette ville que beaucoup, en dehors des régionaux, ont du mal à situer sur la carte de France, mais quand même, la plupart des policiers parisiens sont généralement nés en dehors de la capitale et ne sont pas pour autant déplacés temporairement pour une enquête provinciale. Catherine Valet ne tarde cependant pas à s'apercevoir que le côté traditionnel et rural de cette ville du Poitou qu'elle a connue il y a longtemps, a bien changé et son enquête s'annonce plutôt mal, s'égare quelque peu vers un marchand de frites égyptien et une vieille taxidermiste, la main, amputée de ses empreintes digitales ayant été en effet embaumée. Ses investigations la conduisent vers le personnel de la Master qui, bien entendu, y va de ses clabaudages sur la la hiérarchie et plus particulièrement sur la personne d'une jolie femme, séductrice et énigmatique, Nina Vanhagen, jadis investie de fonctions directoriales au sein de cette mutuelle et qui a depuis disparu. De là à supposer que la main découverte lui appartient, il n'y a qu'un pas que notre officier de police franchit gaillardement. Forcément elle n'a pas d'autre piste et. cette Nina ferait une morte très acceptable. Sauf que, lorsqu'elle réapparaît, bien entière, toutes les investigations de Catherine Valet tombent à l'eau et elle n'a plus ni preuves, ni mobile, ni coupable ni même de victime ! C'est dommage parce que les autorités locales, le procureur et le préfet, souhaitent une conclusion rapide au nom de l'efficacité, de la sécurité publique et de l'emploi de l'argent du contribuable. Et le classement sans suite d'un possible meurtre fait toujours mauvais effet.
Notre lieutenant fera bien entendu le tour de Niort, interrogeant les cirrhoses de comptoir avec le succès qu'on imagine, et même le curé d'une paroisse, dans l'improbable espoir de l'inviter à se libérer du secret de la confession, mais la confession de nos jours, c'est comme la pratique religieuse, cela fait partie du folklore, surtout à Niort. Ainsi la manifestation de la vérité tarde-t-elle quelque peu, avec son lot de digressions, de rebondissements inattendus, de remises en cause des idées reçues et des plus solides convictions. En revanche, pour ce qui concerne l'intrigue et son épilogue qu'il faut attendre longtemps, c'est carrément décevant et à la limite du vraisemblable. Je veux bien que nous soyons dans une fiction où l'imagination est reine, mais quand même. Le style est celui du polar, avec images et remarques traditionnelles et ce roman a au moins l'avantage de se lire rapidement..
Je retiens une agréable balade niortaise dans une ville trop méconnue mais qui ne manque pas de charmes et qui mérite bien qu'on la mette en scène, une évocation bucolique du Marais Poitevin et des bords de Sèvre.
© Hervé GAUTIER – Avril 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]