Franz Bartelt
-
Hôtel du Grand Cerf
- Par hervegautier
- Le 16/08/2017
- Dans Franz Bartelt
- 0 commentaire
La Feuille Volante n° 1165
Hôtel du Grand Cerf – Franz Bartelt – Seuil.
En 1960 la star de cinéma Rosa Gulingen s'est noyée dans la baignoire de sa chambre à l'hôtel du Grand Cerf de Reugny, au fin fond des Ardennes belges, pendant le tournage d'un film et la police, à l'époque, a conclu à un accident. Elle buvait comme un trou ! Thérèse, l'hôtelière, a gardé les choses en l'état depuis une quarantaine d'années. Nicolas Tèques, un journaliste parisien qui ne ploie pas sous le travail, décide, à l'invitation d'un producteur qui veut faire tourner un documentaire, de reprendre cette enquête, bâclée selon lui et qui aurait dû conclure à l'assassinat de l'actrice. Malheureusement pour lui, il se heurte à une grève, et à l'amnésie générale où se mêlent les ragots. Dans cet hôtel, Anne-Sophie Londroit, la petite-fille un peu dérangée de la propriétaire, s'ennuie à mourir et disparaît. Jeff Rousselet est un douanier frustré et borné à la retraite, a eu toute sa carrière pour connaître tout le monde ici et tout savoir sur eux, ce qui ne lui attire pas que des sympathies. A preuve, il est retrouvé décapité, sa maison a été incendiée et l'idiot du village, Brice Meyer, est assassiné à son tour ce qui provoque l'arrivée de l'inspecteur Vertigo Kulbertus, un homme suffisant, sans-gêne et alcoolique, qui, à quinze jours de la retraite, est chargé de l'enquête qu'il diligente en une semaine, sans négliger son régime alimentaire pantagruélique. Il est peut-être plus malin qu'il en a l'air, malgré ses méthodes contestables mais efficaces. Il y a aussi Sylvie dont tout les hommes du bourg voudraient mettre dans leur lit et Richard Lépine, l'homme le plus riche du village et que tout le monde souhaite voir mort, et on finit par l'assassiner, lui aussi ! Puis l’hécatombe continue avec un troisième meurtre dans un contexte d'attentat et d'insécurité dans tout le territoire.
Ainsi avons-nous affaire à deux enquêtes apparemment différentes, avec d'ailleurs une amitié un peu surréaliste entre le journaliste et le policier, mais elles réveillent les vielles rancœurs, des querelles qu'on n'oublie jamais, des secrets de famille bien gardés et qu'on croyait définitifs, des haines recuites, des jalousies inévitables, des souvenirs qui reviennent opportunément, des langues qui se délient, des liaisons amoureuses qui se forment, une image bien ordinaire de l'espèce humaine...
Le style est semblable au style policier et j'avoue avoir eu un peu de mal a entrer dans ce roman au début, m’être laissé un peu débordé ou distraire par les personnages nombreux, les intrigues secondaires parfois inattendues et les piques lancées par l'auteur sur les antagonismes entre Wallons et Flamands, les méthodes un peu particulières du « Centre de Motivation », les luttes syndicales. Je passe sur les digressions sur les hémorroïdes ou les problèmes d'aérophagie. Quant aux méthodes de l'inspecteur, elles sont assez surréalistes mais quand même pertinentes. Il faut dire qu'il est pressé par le temps, espérant boucler cette affaire un peu ténébreuse sans sacrifier un jour de sa très prochaine retraite. Pourtant, vers la fin seulement, ce roman m'a passionné, à mesure que s'épaississait le mystère et que mourraient les protagonistes…même si le happy-end me paraît un peu convenu.
© Hervé GAUTIER – Août 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]