Mélanie SADLER
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COMMENT LES GRANDS DE CE MONDE SE PROMÈNENT EN BATEAU
- Par hervegautier
- Le 05/02/2016
- Dans Mélanie SADLER
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La Feuille Volante n°1012– Février 2016
COMMENT LES GRANDS DE CE MONDE SE PROMÈNENT EN BATEAU – Mélanie SADLER – Flammarion.
Ne vous y trompez pas, Javier Leornardo Borges n'a rien à voir avec Jorge Luis Borges à qui, pour cette fiction, il emprunte seulement son nom et les initiales de son prénom, sinon qu’il est, lui aussi professeur à l'université de Buenos Aires. Puisque l'auteure nous y invite si gentiment, il ne nous coûtera rien d'imaginer avec elle que ce vieil universitaire découvre par hasard sur un manuscrit turc du XVI° siècle la représentation d'une déesse aztèque. Il y a vraiment de quoi le sortir de la torpeur de sa fin de carrière, lui qui connaissait sur le bout des ongles la civilisation précolombienne, l'histoire de la conquête du Nouveau Monde par Hernàn Cortès, la mort de Monctezuma, la trahison de la controversée Malinche … Pourquoi, après tout, le dernier empereur Cuauhtémoc n’aurait-il pas fait périr quelqu’un à sa place et ne se serait-il pas enfui en Espagne ? Se pouvait-il que l'histoire fût à ce point bouleversée, que les historiens les plus éminents se soient à ce point égarés et que tout cela ne soit rien d'autre qu'un rideau de fumée pour cacher une réalité bien différente ? Ce n'est pas d’ailleurs pas vraiment la première fois que ce thème est soulevé. On se souvient du roman du brésilien Jorge Amado (« De como los Turcos descubieron América »(1994). Quant à la découverte réelle de l'Amérique en 1492 par Christophe Colomb, cela fait longtemps que cette vérité officielle est contestée.
Il n'en fallait pas davantage pour que notre distingué professeur charge son collègue et ami le turc Hakan de débrouiller cette bien ténébreuse affaire. Devant une théorie aussi rocambolesque notre turc comprit rapidement que Borges devait être sénile, à moins qu'il n'ait abusé régulièrement de la bouteille, mais un peu par hasard il finit par trouver une sépulture improbable au sein de la mosquée Sülemaniye et un parchemin codé pour le moins mystérieux. Tout cela évidemment magnifié par le récit digne des Mille et une nuits de la belle sultane Roxelane. Du coup notre universitaire argentin laisse aller son imagination débordante, prête à un prince aztèque un voyage improbable à travers l'Atlantique, mais inverse de celui de Christophe Colomb, lui fait rencontrer Don Quichotte puis mener la bataille d'Alger où non seulement il vainc Charles Quint mais aussi retrouve Hernàn Cortes qu'il torture, vengeant ainsi son peuple.
A l’occasion de ce roman, Mélanie Sadler, promène son lecteur dans une véritable énigme policière, entre érudition et imagination débridée, du Bosphore à l’université argentine dans un fantastique roman d'aventure. Je dois dire que si je ne refuse pas les récits imaginaires même les plus échevelés mais là, j'avoue que même si le style est enlevé et carrément jubilatoire, je dois avouer avoir été un peu perdu autant par la fantaisie burlesque de l'auteure que par l'anachronisme de cette fiction. En réalité, j'ai le sentiment que ce premier roman m'a un peu promené (en bateau) et en tout cas ne m'a pas vraiment emballé... mais cela doit tenir à moi !
© Hervé GAUTIER – Février 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]