la feuille volante

Gwenael Bluteau

  • Le république des faibles

    N°1635 – Avril 2022

     

    La république des faibles – Gwenaël Bluteau – La manufacture du livre.

     

    Le premier janvier 1898 à Lyon, un chiffonnier a découvert dans une poubelle le cadavre décapité d’un enfant. Le commissaire Jules Soubielle est chargé de l’enquête qui révèle très vite que la victime habitait dans un quartier populaire et qu’il avait disparu de chez ses ses parents depuis plusieurs semaines. Deux inspecteurs , Silent et Caron mènent leurs investigations dans les bas-fonds sordides et l’un d’eux, Silent, qui était aussi engagé en politique, est retrouvé mort. Une deuxième enquête est donc diligentée sur fond de luttes sociales, de ligues antisémites à la suite de l’affaire Dreyfus et de l’article de Zola dans « L’Aurore » , de la nostalgie de l’empire, du refus ou de la défense de la république, de la volonté de revanche après la défaite de 1870, des prochaines élections législatives. Cette seconde enquête sur le possible assassinat de Silent met en évidence ce qui était à l’époque la règle, le non-respect des droits des suspects et des témoins, les violences policières pour obtenir des aveux ce qui aurait pu motiver une vengeance à l’endroit de cet inspecteur dont la vie antérieure à son entrée dans la police n’était pas des plus exemplaires. Ces deux investigations, au départ indépendantes l’une de l’autre, pourraient bien se rejoindre.

    On rencontre, outre la corruption des policiers, la pratique de l’adultère, du mensonge, de l’hypocrisie, de la trahison, des violence conjugales, de l’ivrognerie, du rapt, des sévices et du viol d’enfants, la pédophilie, les maltraitances et le meurtre d’enfants, le recel et la dissimulation de cadavres, le soupçon d’avortement, la malversation baignent ces chapitres… le tout sous le couvert d’une bourgeoisie bien pensante sous l’égide de la république censée protéger les plus faibles.

    Tout ne se termine pas par un « happy end », surtout pour le commissaire Subielle et l’épilogue se fend d’un aphorisme toujours d’actualité. C’est est bien gore, mais finalement n’est pas si loin de l’image de l’espèce humaine. Cela dit ce roman se lit facilement.