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la feuille volante

Alicia Jaraba

  • Celle qui parle

    N°1708– Janvier 2023

     

    Celle qui parle – Alicia Jaraba – Grand angle.

     

    Cette histoire romancée est inspirée par une femme réelle du XVI° siècle, mais mal connue, « la Malinche », rebaptisée dans cet ouvrage Malinalli, Malintzin ou Doňa Marina par les Espagnols, fille d’un cacique déchu, devenue esclave, c’est un personnage controversé dans le Mexique d’aujourd’hui qui voit en elle soit le symbole de la traîtrise puisqu’elle a préféré collaborer avec les Espagnols dans la conquête de son propre pays, soit celui de la victime consentante, soit le mère du peuple mexicain, bref une figure à la fois symbolique et légendaire.

    Ce qui n’est pas encore le Mexique est habité par différentes tribus qui se font des guerres sanglantes et qui parlent différents dialectes. La Malinche, douée pour les langues, a servi de traductrice aux Espagnols qui se sont imposés en jouant sur ces rivalités. Elle aurait même eu un rôle de conseil grâce à sa connaissance des mentalités locales. Elle est présentée comme une jeune femme qui prend la parole pour sortir de la condition d’esclave où l’avait mise les luttes ethniques. Elle est donc « celle qui parle », c’est à dire la traductrice mais aussi celle qui refuse sa condition de femme destinée à satisfaire les hommes et à faire des enfants. C’est un parti pris de l’auteure qui est respectable. Cette jeune fille a été la maîtresse de Cortès, un capitaine espagnol pauvre venu ici conquérir des territoires et faire fortune. Elle lui a même donné un fils.

    Le livre refermé je me dis que cet épisode ne correspond pas exactement a ce que nous savons sur la conquête du Mexique, surtout si on se réfère à la fresque de Diego Rivera au Palais National de Mexico qui montre la violence qui a présidé à cette conquête. Cette violence est seulement évoquée brièvement par le massacre de la ville de Cholula. Cet ouvrage met en scène un prêtre au rôle ambigu, paisible et un peu bizarre qui semble rendre aussi un culte à Tlăloc, le dieu de la pluie. Le rôle de l’Église catholique a été bien différent puisque sa mission visait surtout à évangéliser ces peuples. Elle a accompagné et même béni les atrocités commises, les exterminations et la disparition de leur civilisation.

    Les couleurs chaudes et le graphisme sont expressifs, quoique un peu sombres sur certaines planches.

     

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