la feuille volante

Florence Asie

  • Une sacrée bonne femme

     

    N°1916 – Juillet 2024.

     

    Une sacrée bonne femme – Florence Asie- Gallimard.

    Je continue d’explorer l’univers créatif de Florence Asie, de son vrai nom Henriette Lafarge-Saget (1910,-2012) Ce roman, rédigé à la première personne, ressemble à l’auteure dont on sait par ailleurs peu de choses sinon qu’elle écrivit des romans, dont celui-ci, le dernier, paru en 1975, publiés chez Gallimard, grâce à l’appui de Simone de Beauvoir Elle se dit « bâtarde du monde » et cette bâtardise semble être une obsession et nombre de précisions présentes dans « fascination », un autre de ses romans, se retrouvent dans celui-ci. La sacrée bonne femme ,c’est sans doute elle., mais il est difficile de faire la part de l’autobiographie et de la fiction.

    Elle raconte une jeunesse mouvementée, auprès d’une mère tyrannique, ses amours avec un homme marié qui s’est tué au volant de sa voiture. Dès lors, la mort fut longtemps son obsession, jusqu’au suicide…manqué. Puis vient une longue aventure avec un gitan ; Celui-ci disparu, elle se retrouve héritière d’une maison close assez particulière, peuplée de pensionnaires masculins, destinés aux femmes ! Le livre refermé, j’ai le sentiment d’une grande solitude. Le style est brut, haché, sans aucune recherche. Je me suis même un peu ennuyé

  • Fascination

    N°1915 – Juillet 2024.

     

    Fascination – Florence Asie- Gallimard.

    L’exploration de mes archives personnelles m’a remis en mémoire le nom de Florence Asie (1910-2012), de son vrai nom Henriette Lafarge-Saget née à Mauzé sur le Mignon (79). Elle justifie non sans humour son pseudonyme, Florence parce que c’est joli et Asie à cause de sa « binette » asiatique. Elle était employée des postes puis « demoiselle du téléphone ». Étrange destin littéraire de cette jeune femme, installée à Rouen après son mariage qui écrivit à Simone de Beauvoir pour lui dire son admiration, laquelle lui proposa de lire ses manuscrits dont cinq sur les sept qu’elle publia le furent, grâce à son appui, chez Gallimard. Elle dédicacera à celle « qui lui a fait la courte échelle » ce roman, paru en 1966 Elle était également l’auteure de poèmes. Ce roman évoque la vie de Marion dans un petit village des Deux-Sèvres, une « enfant de l’amour », une gamine de 13 ans qui est fascinée par le monde des adultes, veut croquer les plaisirs de l’existence, surtout dans leur version érotique, qui vit dans un monde dont elle tisse le décor, s’invente une vie entre la réalité et la fiction, entre fréquentation de l’église, du couvent, des maisons du village, des belles demeures et de la nature, tout cela pour meubler son ennui et son imagination est débordante. Entre naïveté et perversion, cette petite fille, un peu trop mûre pour son âge sans doute, a hâte de connaître la vie des adultes avec leur univers, leurs amours, leurs mystères leurs perversions aussi et , bouscule la réalité, la transformant parfois en drames, entre mystifications et jalousie, notamment dans le but de grandir vite et d’attirer l’attention sur elle et peut-être d’être tout simplement aimée et aussi d’être autre chose aux yeux du monde qu’une petite fille à la filiation contestée, ce qui, à l’époque était tabou. Je note que cette bâtardise revient sous la plume de l’auteur comme un leitmotiv , comme une sorte d’obsession. Son histoire parait à la fois idyllique et tragique pleine d’appétit pour l’amour , de craintes pour l’avenir, de folies , de chagrins, de quête du bonheur, d’hésitations, de culpabilisations et de fascination pour la mort.. Florence Asie ne laissa pas indifférent. On célébra « son style nerveux, entraînant, piqueté d’images inattendues », on ne manqua pas de la critiquer, de dénoncer son peu de culture. Je ne sais si ce roman fut un succès de librairie mais ce que je retiens c’est le parcours de cette femme et le geste de Simone de Beauvoir. En tout cas, en qualité d’ancienne postière on peut au moins dire d’elle qu’elle était une femme de lettres !