Était -ce lui?
- Par hervegautier
- Le 21/09/2024
- Dans Stefan Zweig
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N°1931 – Septembre 2024.
Était-ce lui ? Stefan Zweig -Gallimard.
Traduit de l’allemand par Laure Bernardi et Isabelle Kalinowski.
Stefan Zweig (1881-1942) s’est très tôt fait connaître par ses poèmes et surtout par ses nouvelles. Ce petit volume en comporte deux. « Un homme qu’on oublie pas » et « Était-ce lui ? » qui lui donne son titre.
La première, écrite à la première personne, met en scène Anton, un homme
exceptionnel, quasi clochard, mais que tout le monde connaît et estime, détaché des biens de ce monde et qui passe son temps à aider ses semblables sans rien leur demander en échange. D’autre part le témoignage qu’en fait le narrateur, intellectuel connu, qui admet que l’exemple de ce marginal a été pour lui une leçon de liberté et d’indépendance, est d’une grande importance. Ce texte est-il l’évocation d’une rencontre effective de l’auteur avec un tel homme (il sous-titre ce titre par la mention « histoire vécue ») ou est-ce le modèle humain auquel il aspire ? Zweig est un idéaliste et ce type d’individu, certes singulier dans ce monde gouverné par l’argent, peut parfaitement incarner sa vision de l’homme.
La seconde tient un peu du polar et donne la parole à Betsy qui passe sa retraite avec son mari près d’une petite ville anglaise. Vient s’installer près de chez eux un jeune couple sans enfant dont elle évoque le quotidien avec force détails, insistant sur l’analyse psychologique des personnages et notamment sur le mari. Il adopte un chien dont il devient quasiment l’esclave, mais les choses changent avec la naissance inespérée d’un enfant. L’atmosphère du récit devient pesante et le lecteur partage également l’angoisse et la question que se pose à elle-même la narratrice et qui donne son titre à cette nouvelle (Était-ce lui?). Le suspens est entretenu jusqu’à la fin et le texte, évidemment fort bien écrit (traduit), ajoute au plaisir du lecteur.
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