The quiet Girl
- Par hervegautier
- Le 24/04/2023
- Dans Colm Bairéad
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N°1737 – Avril 2023
The quiet girl – Un film de Colm Bairéad (2022).
Nous sommes dans l’Irlande catholique des années 1980. Càit (Catherine Clinch), une fillette de neuf ans, effacée, mal aimée, pas vraiment fan de l’école et soucieuse de sa liberté et de sa solitude, vit à la campagne, dans une famille nombreuse qui connaît des difficultés financières avec un père peu attentif à son foyer. Parce que sa mère est de nouveau enceinte, ses parents décident de l’envoyer pour les vacances d’été dans une ferme appartenant à de lointains cousins sans enfants, qu’elle n’a jamais vus mais qui la connaissent. En réalité c’est une manière peu élégante de se débarrasser d’une bouche à nourrir.
C’est le début d’une histoire pleine d’émotions qui aurait pu être banale mais qui fait découvrir à la petite fille, une femme, Eibhin (Carrie Crowley) qui la prend d’emblée en amitié puis son mari Seàn (Andrew Bennett), plus taiseux et froid au départ mais qui l’adoptera vite. Cela devient pour elle une vraie famille, bien différente de celle que le hasard lui avait désigné. Cet attachement est subtilement distillé par de petites touches de la part de Seàn, un petit gâteau sur le coin d’une table, un gros billet pour qu’elle s’achète une simple crème glacée ou des robes neuves qu’on lui offre, un complicité grandissante entre Càit et lui, comme la course quotidienne vers la boîte aux lettres et un symbole, une troisième lumière aperçue au bord de la mer, dans la nuit. Càit y trouvera sa place, sortira de la torpeur malsaine de son enfance et illuminera ce couple malmené par la vie, malgré les hésitations, un secret qu’elle y découvre par hasard, les méchancetés curieuses des voisins, une autre manière pour elle d’entrer malgré tout dans le monde des adultes avec ses difficultés, ses secrets et ses deuils. C’est une sorte de période de transition pour la petite fille et pour ses cousins, chacun reprenant à sa manière le goût de vivre. Elle prendra chez eux quelques centimètres et des couleurs grâce à une nourriture saine et une attention de tous les instants, ils puiseront durant ces quelques semaines une nouvelle occasion de se rapprocher l’un de l’autre et cette expérience d’un été se conclut dans une émouvante image de fin. Ce long-métrage souligne la fragilité des choses humaines, la délicatesse des sentiments malgré les épreuves, la douceur du sourire retrouvé, la redécouverte d’un amour qu’on croyait définitivement perdu.
Ce film est une adaptation d’un roman de Claire Keegan, « Foster », paru en 2011, publié en France par les éditions Sabine Wespieser sous le titre « Les trois lumières ». C’est une belle histoire, remarquablement servie par des personnages lumineux, tout en nuances et en sensibilité, admirablement photographiée et mise en scène avec une simplicité apparente mais cependant poétique et bouleversante.
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