LA MAISON OÙ JE SUIS MORT AUTREFOIS Keigo Higashino
- Par hervegautier
- Le 23/07/2011
- Dans Keigo Higashino
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N°533– Juillet 2011.
LA MAISON OÙ JE SUIS MORT AUTREFOIS – Keigo Higashino – Actes Sud. Traduit du japonais par Yukata Makino. Le narrateur, un universitaire japonais, n'avait plus de nouvelles de son ex-petite amie, Sayaka, mariée à un homme d'affaires qui s'absente beaucoup. Même la maternité n'a pas suffi à la faire aller mieux puisque qu'elle maltraite sa fille de trois ans qui a été confiée à la garde de ses beaux-parents. Son enfance à elle a été un cauchemar dont elle ne garde pas de bons souvenirs. Elle n'apparaît guère dans les albums de sa famille avant l'âge de cinq ans, et elle ne sourit jamais sur les photos ! Après la mort de son père, elle découvre dans le sac de pêche de ce dernier une clé à tête de lion et une carte annotée d'indications bizarres, conduisant à une maison de montagne, isolée et située près d'un lac. Accompagnée du narrateur, elle décide de la retrouver pour l'explorer. Après avoir longtemps cherché et hésité, ils finissent par découvrir la maison et par y entrer à l'aide de la clé, mais par une porte du sous-sol seulement. Étrange détail, cette maison, maintenant complètement abandonnée et fermée et dont les habitants de la région ne connaissent même pas l'existence, semble avoir été habitée par une famille. La porte d'entrée est verrouillée, toutes les pendules sont arrêtées à 11h10 et la vie semble s'y être arrêtée précipitamment 23 ans plus tôt ! C'est un peu comme si le temps avait interrompu son cours ! De plus, sans être vide, cette demeure n'a ni télévision, ni téléphone, ni appareils ménagers, ni calendrier, ni même d'électricité... La famille qui habitait là se composait d'un couple avec un garçon, le petit Yusuke qui tenait un journal intime que nos détectives découvrent. L'enfant, apparemment bon élève, y notait qu'il recevait des jouets d'un homme, ce qui semblait indisposer son père et y faisait mention d'une certaine Mme Otai, d'une petite fille et d'un chat, Chami ! Puis son père mourut et un autre homme vint prendre sa place... Le journal du garçon recèle des détails troublants qui vont servir de fil d'Ariane pour recomposer ce passé un peu confus. Il s'interrompt brusquement mais des lettres retrouvées vont poser plus de questions qu'elles n'apportent de réponses ! Sayaka qui au départ n'a aucun souvenir de cette maisons finit par ressentir une impression de déjà vu, et va retricoté sa propre histoire à travers de petits détails comme un rideau vert, un vase, une porte qui apparemment n 'existe plus et un coffre-fort. C'est Sayaka qui en découvrira la combinaison, mais son contenu épaissit le mystère ! J'ai toujours pensé que ce n'est pas parce qu'un roman se fonde sur des énigmes qu'il doit être violent et même sanglant. Ici l'intérêt de ce récit noir est tout en nuances. Le thème de la mémoire perdue puis retrouvée est bien exploité et avec lui celui de l'enfance disparue. La complicité née d'une ancienne histoire d'amour entre le narrateur, incrédule au départ et Sayaka, anéantie par la vie, fera, petit à petit, éclater la vérité. A l'invite du narrateur et de cette aventure hors du commun, le lecteur échafaude diverses hypothèses, suit les péripéties de ce récit dont le style, volontairement sobre et dépouillé et la construction bien menée distillent le suspense jusqu'à la fin. De plus, ce roman a le mérite de se dérouler dans le calme et la vraisemblance. Passionnant ! Jusqu'à présent je n'avais jamais lu de romans policiers japonais. Je n 'ai pas été déçu. © Hervé GAUTIER – Juillet 2011.
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