la feuille volante

Paris-Texas

La Feuille Volante - N° 2006 – Août 2025.

 

Paris-Texas - Un film de Win Wenders – Palme d’Or Cannes 1984.

Arte le 18/8/2025 .

 

De Paris, cette ville du Texas, il sera à peine question contrairement à ce que laisse entendre le titre.

En revanche l’accent est mis sur l’histoire dramatique de Travis Henderson (Harry Dean Stenton) très amoureux de sa jeune épouse Jane( Nastassja Kinski) au point de vouloir être constamment à ses côtés et que cette volonté de proximité tourne au drame, Travis disparaissant pendant 4 années sans donner aucune nouvelle, Jane laisse leur jeune fils Hunter (Hunter Carson) à la garde de son oncle Walt (Dean Stockwell) et de son épouse Anne (Aurore Clément), un couple sans enfant.

Dès la première image on retrouve Travis, marchant en plein désert, sans eau, secouru in extremis et que Walt ramène chez lui à Los Angeles. Après une longue période de silence, Travis accepte de parler et retrouvant Hunter parvient à l’apprivoiser et part avec lui à la recherche de Jane.

Au-delà de cette histoire émouvante, je retiens la solitude et la désespérance de Travis, sa volonté de se mettre en marge de cette société où il n’a pas sa place. Les décors autour de lui évoquent cet abandon, les routes et les voies ferrées sont droites et vides, les avions volent, les interminables trains américains filent et il se contente de les regarder passer, les paysages sont désertiques à la mesure de sa volonté de revenir dans le monde, malheureusement sans issue. Quand il scrute le décor autour de lui, l’aéroport par exemple, c’est de loin, à la jumelle. C’est un pauvre homme qui avait tout misé sur l’amour de sa jeune épouse mais celle-ci l’a déçu, ne l’a pas compris et il a préféré mettre entre lui et la société le plus de distance possible, autrement dit se retirer du monde. Travis aurait pu se suicider mais apparemment, après avoir remis de l’ordre dans les pièces éparpillées du puzzle de sa vie et devant l’impossibilité de recomposer sa propre famille et d’y être heureux, il a voulu mener à bien son dernier devoir, celui de redonner sa mère à Hunter et disparaître dans l’épaisseur de la nuit, définitivement en gommant de la mémoire de ses proches jusqu’à l’empreinte ténue de son passage sur terre.

Ce road muvie multi récompensé (et la mélancolique musique de Ry Cooder), illustre à mes yeux les relations difficiles des hommes avec leurs semblables et l’impossibilité de dialogue qui existe même au sein de la famille. La recherche de la solitude qui est une forme de résilience, me parait être une chose prégnante encore aujourd’hui, ce qui donne à ce film une dimension particulièrement actuelle .

 

 
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