HYGIENE DE L'ASSASSIN
- Par hervegautier
- Le 04/08/2014
- Dans Amélie Nothomb
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N°777 – Août 2014.
HYGIENE DE L'ASSASSIN - Amélie Nothomb – Albin Michel.
Prétextat Tash, célèbre auteur a toujours fait dans l'originalité. Il a été Prix Nobel de littérature, ce qui n’est déjà pas banal mais encore, à l'age de 83 ans il se meurt d'un cancer des cartilages, une maladie orpheline au nom imprononçable, ce qui ajoute on ne conviendra un peu de lustre au personnage. C'est qu'il a toute sa vie joué un rôle, cachant sa générosité naturelle sous une agression de chaque jour. Mieux sans doute, se sentant mourir, il décide de mettre en scène cet ultime acte de sa vie. Non seulement la date en est prévue mais il convient de convoquer la presse qui bien entendu se fera un devoir de recueillir ses dernières paroles. Il avait même rédigé lui-même sa propre épitaphe !Au moins ne manquera-t-il pas sa sortie lui qui avait fait un parcours exceptionnel. Il se complet donc, lors de ces entrevues à détailler sa carrière littéraire, longue et à l'entendre fastueuse qui a fait de lui une écrivain précoce et célèbre. Il a même tissé sa propre légende de son vivant qu'il épelle pour les nombreux journalistes qui viennent l’interviewer. Cabotin, il en rajoute toujours un peu dans ses propos, maniant la contradiction et noircissant le trait ne serait-ce que pour se mettre lui-même en valeur mais donne à voir un homme acerbe, intolérant, misanthrope, misogyne et finit toujours par éconduire vertement le chroniqueur. C'est que, par un excès de nombrilisme il souhaite surtout parler de lui-même et attend de ses interlocuteurs d'occasion flagornerie et déférence.
Auparavant tous les reporters étaient des hommes. Arrive cependant une femme, Nina, dont il souhaite se débarrasser dès le début de l'entretien n'attendant même pas les questions. L'ambiance est tendue au début, lui est ignoble comme auparavant mais elle paradoxalement s'accroche et n'entend pas, comme ses autres collègues, être une flatteuse de plus. Est-ce à cause de sa virginité ou de sa peur des femelles comme il dit ? Est-il séduit ou mord-t-il malgré lui à l'hameçon de cette femme plus talentueuse que les autres ? Toujours est-il que les rôles s'inversent, qu'il la retient, refuse de parler de son œuvre, se livre un peu penaud , un peu honteux comme il ne l'avait jamais fait auparavant. Pourtant, elle est la seule de tous les chroniqueurs a avoir lu son œuvre et un de ses romans inachevé celui-là précisément intitulé « L’hygiène de l'assassin », l'amène à être plus précis. Est-elle une talentueuse adepte de la maïeutique ou une enquêtrice hors pair mais Tash qui aimait tant parler de lui se retrouve face à lui-même et lui avoue... un crime. Il a effectivement assassiné sa cousine dans sa jeunesse.
J'ai lu ce roman, comme les autres, facile à parcourir. Comme je l'ai déjà dit dans cette chronique, les livres d'Amélie Nothomb se lient facilement et c'est au moins agréable à ce titre. Cela a été pour elle sans doute l'occasion de pas mal de poncifs sur l'écriture, l’érotisme, les femmes, la nourriture, Mai 68, la société et ses travers... une sorte de salmigondis pas vraiment passionnant ainsi que des avis sur Kant, Louis-Ferdinand Céline ou Sartes, pas non plus originaux. Cet sorte de huis-clos a, pour une fois l'avantage d'être crédible puisque ce roman met en évidence l'hypocrisie et la perversité de la condition humaine, et de donner une fin à un roman inachevé qui peut parfaitement évoquer Montaigne.
©Hervé GAUTIER – Août 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
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