la feuille volante

Le secret de la dame en rouge

La Feuille Volante n° 1130

le secret de la dame en rouge Béatrice Bottet – Scrineo

 

Nous sommes à Paris à la fin du XIX° siècle et le cadavre d'une femme vient d'être découvert, amputée de ce son cerveau. On imagine l'article un peu facile de Florimond Valence journaliste de la nuit sans grand talent et indicateur de police à l'occasion… sur les femmes sans cervelle qui, pourtant bien vivantes, marchent dans les rues de la capitale!

Dans la bonne société parisienne dont elle devient la coqueluche, Mme Euryale, toujours vêtue de rouge, fait profession de prédire l'avenir dans l'eau et connaît aussi le passé. Elle est liée à sa protectrice, Mme Bouteloup dont l'amant, Ernest, la chaperonne pour ses prestations divinatoires, par des dettes qui ne cessent de croître à cause de la garde-robe somptueuse qu'elle se doit de porter dans les salons où elle officie. N'est-elle pas « La Dame en rouge » dont chacun recherche les prédictions ? Avant de porter ce nom de Gorgone elle s'appelait Violette Baudoyer, une jeune fille bien ordinaire de province qui, pour échapper à sa famille, s'est réfugiée chez Mme Bouteloup qui ainsi exploite ce don inattendu. Ses parents, des industriels de province, voulaient en effet la marier contre son gré avec un homme riche, qu'elle n’aimait pas et qui avait presque l'âge d'être son père. A l'époque, dans la société bourgeoise, le mariage des enfants était souvent l'occasion d'arrondir un patrimoine familial et de consolider les alliances commerciales… Quant à la décision des intéressés, elle ne pesait pas bien lourd ! Pour se reposer de sa vie trépidante de salons, elle redevient parfois Violette, une dualité qui lui fait rencontrer un soir un Florimond bien désespéré. Ainsi, le journaliste à la suite de cette rencontre, enquête sur la voyance et finit par approcher les frères Collenot, deux savants fous qui cherchent à mettre au point une machine à prédire l'avenir. Comme les femmes victimes de ces meurtres et de ces amputations sont des devineresses, leur projet est-il lié à la mort des malheureuses,  et Violette craint-elle quelque chose?

Bien souvent, ce livre a failli me tomber des mains à cause des nombreuses longueurs qu'il comporte. Cela commence comme un roman policier et, de temps en temps, un cadavre apparaît et avec lui des interrogations qui passent vite au second plan puis, rapidement, laissent la place à une série de (trop) longues dissertations sur la voyance, la mise en perspective du don de Violette avec les progrès de la science et de la technique, la conditions des femmes au XIX° siècle, les déboires familiaux de Violette et ses velléités d'indépendance, l'histoire de Florimond et de leurs relations communes... j'ai certes apprécié les précisions historiques (la qualité de professeur d'histoire de l'auteure y est pour quelque chose), mais je n'ai pas vraiment été entraîné dans ce roman qui pourtant commençait bien. Quant à l'arrivée de Violette à Paris et la chance qu'elle a eu d'échapper à la prostitution, de se retrouver chez Mme Bouteloup, même si c'est une manière d'échapper à un enfermement pour se retrouver dans un autre, je veux bien que nous soyons dans une fiction, mais là c'est carrément idyllique ! Quant à la force de la prière de sœur Annonciade, on n'est heureusement pas obligé d'y croire, pas plus d’ailleurs qu'aux visions de Violette. Quant au « happy end », il est à l'avenant ...  Il est vrai que c'est un roman pour la jeunesse.

© Hervé GAUTIER – Avril 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]

 
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