Le théorème du baba
- Par hervegautier
- Le 17/10/2019
- Dans Franco di Mare
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La Feuille Volante n° 1397– Octobre 2019.
Il torema del babà (le théorème du baba) - Franco di Mare - Rizzoli.
Nous sommes à Bauci, une ville imaginaire de la côte amalfitaine et Procolo Jovine tient, sur la place centrale, "Le Liborio", un restaurant célèbre pour toutes ses recettes traditionnelles locales depuis les spaghettis agrémentés à l'infini comme les aiment les Italiens, l'aubergine à la parmesane, jusqu'au baba. Nous sommes peu de temps avant Noël et Procolo va se surpasser pour cette occasion en s'inspirant des recettes de grand-mère, en respectant scrupuleusement la tradition et les ingrédients authentiques. Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes si, de l'autre coté de la place, là où il y avait avant une parfumerie, n'était venu s'installer un chef qui pratique la cuisine moléculaire, et ce avec la bénédiction du maire. Il n'en faut pas plus pour mettre la pagaille dans ce petit microcosme et ce d'autant plus que cet individu, Jacopo Taddei, un milanais, la cinquantaine conquérante, est non seulement beau à faire tourner la tête des femmes, spécialement celle de Rosa la belle épouse de Procolo, mais est aussi renommé pour ses exploits culinaires inventifs qui l'ont rendu célèbre à la télévision. Il a même le front d'ouvrir son établissement "Experience", juste en face de celui de Procolo et promet "des voyages émotionnels dans la cuisine". La guerre est donc déclarée.
J'ai bien aimé ce roman qui, sous couvert de relater une histoire apparemment simple et bien ordinaire soulève bien des questions. La cuisine, même traditionnelle, reste une expérience de chimie et de physique que, même Procolo, ne peut nier mais, non seulement la venue d'un étranger est de nature à bouleverser cette petite ville, mais, avoir la mauvaise idée de promouvoir un cuisine moléculaire est vraiment ce qu'il ne faut pas faire, évidemment selon Procolo. Il va sans dire qu'on va chercher à l'éliminer par tous les moyens. C'est, certes une occasion de réfléchir sur la venue d'un étranger avec des idées nouvelles dans ce petit coin d'Italie, sur la peur du changement et des différences, sur la tolérance, mais c'est aussi l'occasion pour l'auteur de croquer d'autres personnages hauts en couleurs comme le prêtre sénégalais Don Assane, le conseiller Ludovico Percuoco, le professeur Alceste Buon et bien entendu Rosa, qui sont autant de miroir de l'espèce humaine. C'est en tout cas à Procolo que revient la conclusion de cette plaisante histoire.
C'est un agréable roman écrit avec ironie et simplicité, léger et agréable à lire, lu en italien pour la beauté de la langue mais aussi parce qu'il n'existe pas à ma connaissance de traduction. Je dois dire que cette écriture a bien facilité ma lecture, malgré quelques expressions napolitaines. Ce roman déborde de recettes de cuisine, ce qui est bien normal mais aussi de sentences pleines de sagesse.
Je ne connaissais pas Franco di Mare, journaliste à la RAI mais aussi animateur de télévision. Il est l'auteur de nombreux livre
©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com
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