LE SIXIEME HOMME – Monica Kristensen
- Par hervegautier
- Le 03/02/2013
- Dans Monica Kristensen
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N°625– Février 2013.
LE SIXIEME HOMME – Monica Kristensen - Gaïa Polar.
Traduit du norvégien par Loup-Marelle Besançon.
L'archipel norvégien du Svalbard est situé dans la partie la plus septentrionale de l'Europe, à la jonction des océans Arctique et Atlantique. Il est plongé pendant une grande partie de l'année dans la nuit polaire et nous sommes en hiver ! Cette période autant que la situation géographique de ces îles sont de nature à modifier le comportement de ceux qui n'en sont pas originaires. A Longyearbyen, la minuscule capitale, il ne se passe jamais rien dans cette ville plus habituée aux ténèbres glacées et à l'arrivée soudaine des ours polaires dont les chemins migratoires passent par là. Pour la police locale, la routine administrative est constituée des petits trafics des marins-pêcheurs, des méfaits de l'alcoolisme, des mésententes conjugales ou des magouilles des contrebandiers dans une ville qui vit exclusivement de la mine de charbon. C'est un microcosme où tout le monde se connaît et bien entendu tout le monde s'épie de sorte que le secret ici n'a que peu de place. Un sorte d'univers clos !
Il est donc difficile d'imaginer que cette petite cité puisse cacher un criminel aussi bien croit plus volontiers à un accident toujours possible quand, au jardin d'enfants, d'ordinaire bien surveillé, la petite Ella Olsen, cinq ans, a disparu. Au départ on ne s'affole pas trop puisque les enfants jouent souvent à se cacher et puis cela ne viendrait à l'idée de personne d'enlever un enfant ici ! Il n'empêche, c'est quand même un problème pour la police locale dont le petit effectif va être mobilisé pour la retrouver. L'ennui c'est qu'il n'y a pas beaucoup d'indices, seulement des traces de pas dans la neige qui mènent à la mine. Rapidement l’enquête s'oriente vers le père, Steinar Olsen, ingénieur récemment arrivé à la mine et qui, lui aussi disparaît à son tour. Son ménage bat un peu de l'aile, des projets de divorce sont même évoqués ; il est un peu trop porté sur la bouteille et il aurait parfaitement pu venir chercher sa fille pour affoler son épouse. Quant à lui, son nouveau travail n'est guère satisfaisant et on parle même de le licencier quelques mois après son embauche.
L'hypothèse d'un ravisseur se fait jour peu à peu ou celle d'un voyeur qui offrait volontiers des bonbons aux enfants. Bref, la police nage en plein mystère et les trois policiers de l'île seront vite rejoints par un renfort venu du continent. Peu à peu des secrets se révèlent, des adultères, des lettres anonymes avec menace de mort...
A la mine où Steinar Olsen a été embauché son arrivée n'est pas passée inaperçue et les deux mineurs qui l'ont accueilli, et dont il deviendra plus tard le complice, l'initient au mystère des lieux, lui parlant notamment de ce sixième homme « qui suit les gueules noires au fond de la mine », une sorte de fantôme né dans cette atmosphère confinée et mystérieuse qui tisse des légendes. On se demande qui il est et on le confond volontiers avec le voyeur du jardin d'enfants.
Dans une ambiance un peu irréelle faite de tempêtes glacées, de navigations parmi les icebergs, de chasses aux rennes et de drames intimes, le dépaysement joue complètement. Il faut cependant un parcours un peu chaotique d'Olsen avec sa fille, un incendie mystérieux sur un parking, la mort accidentelle de l'ingénieur, une vengeance de femme qui tourne mal et une série d'accidents miniers pour que cette histoire de fantôme, ce sixième homme caché à la fois au fond de la mine et dans les rues désertes, et qu'on soupçonne de rapt, débouche sur une fin heureuse.
Monica Kristensen qui est aussi glaciologue, connaît bien cette région pour y avoir séjourné pendant six années. Avec un art consomme du suspens, elle fait partager à son lecteur la beauté des paysages autant que la dure vie des mineur du Spitberg. C'est donc autant un roman policier qu'un ouvrage documentaire sur cette région.
Cet volume appartient à une série de polars se déroulant au Svalbard.
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©Hervé GAUTIER – Févrer 2013.http://hervegautier.e-monsite.com
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