Règlements de contes en bord de Sèvre.
- Par hervegautier
- Le 10/02/2017
- Dans Philippe GUILLEMOTEAU
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La Feuille Volante n° 1111
Règlements de contes en bord de Sèvre - Philippe Guillemoteau – Geste Éditions.
Le samedi matin est un jour de marché et c'est sacré pour les Niortais. C'est l'occasion de faire des emplettes mais c'est surtout un rituel immuable où presque toute la ville se retrouve Place des Halles, une sorte d'Agora où on aime se rencontrer. Cela fait du monde et et cela donne souvent lieu à des animations de rue puisque, dans cette cité, un centre culturel est dédié à cette activité. Il n'a y donc rien d'étonnant qu'en ce matin du mois d'avril 2013 des femmes grimées en Blanche-Neige débarquent dans ce quartier. Sauf qu'en réalité elles attaquent la succursale bancaire située sur le parvis sans que personne ne s'en rende vraiment compte. Tel est le point de départ de cette histoire qui réveille un peu la torpeur mais aussi les vieilles rumeurs de racisme, de délits et de trafics en tous genres qui ont lieu ici comme ailleurs. A ce moment Macéo, un musicien célibataire qui vivote de son art, assiste au spectacle depuis la terrasse d'un café, et, à ce titre, dépose son témoignage au commissariat. Il n'a pas vu grand-chose d'extraordinaire et les indices sont minces pour cette enquête dont est chargé le capitaine Papier et ce malgré les caméras de surveillance et les téléphones portables toujours à l'affût. Ce dernier mène comme il peut ses investigations rendues difficiles par un autre casse du même gang de femmes déguisées en personnages de contes de fées. Macéo qui n'aime guère la police, se retrouve malgré lui au centre de cette enquête qui, tout au long de ces trois mois, menace de plus en plus d'être classée et s'oriente mollement vers une association caritative composée d'épouses de notables niortais, s'égare dans le Marais, se fourvoie dans le cours des festivités culturelles locales et de la fête de la musique, le tout sur fond de réception mondaine, de difficultés financières d'une troupe de théâtre en résidence, de soif de reconnaissance, de relations amoureuses réelles ou fantasmées, d'hypocrisie, d'adultère, de luttes d'influences où chacun se sert de l'autre, de quête de reconnaissance et de remise en cause des liens qui unissent des gens qui pourtant croyaient bien se connaître, de volonté de s'encanailler, de braver les interdits et de sortir de la routine quotidienne par la prise de risques assez inconsidérés. Il y a aussi des femmes qui jouent un grand rôle ; leur présence illumine et complique un peu ce scénario aux multiples rebondissements.
J'avoue qu'au départ, j'ai été un peu désorienté par le déroulement de ce roman, la multiplicité des personnages, leur vie parfois un peu embrouillée, leurs rencontres, hasardeuses ou amoureuses, leurs passades, par cette histoire de perle perdue dans des conditions un peu rocambolesques, par ces casses dont l'un est si mal préparé qu'il est vraiment digne des « Pieds Nickelés », par ces choses que le policier découvre et qu'il veut taire alors que son enquête piétine, C'est une page qui se tourne pour beaucoup de protagonistes de ce petit drame. Pour ma part j'ai choisi d'y lire, au-delà de cette banale affaire de vols, l'histoire d'une amitié, une étude de caractères et de l'espèce humaine qui n'est pas toujours aussi franche et désintéressée qu'on veut bien nous le faire croire, un texte qui, mine de rien, note des remarques pertinentes sur les relations parfois surprenantes entre les gens.,.la vie quoi ! Que reste-t-il de ces trois mois qui bouleversèrent ce microcosme ? Un peu de solitude et des questions restées sans réponse, des espoirs peut-être déçus… J'ai bien aimé ce roman qui se lit facilement, dans le style habituel du polar et l'auteur, musicien lui-même, régale son lecteur de ses connaissances et de sa passion en matière de musique. C'est effectivement un roman policier puisque la police s'en mêle, mais pas si noir que cela cependant. Il n'est ni violent ni gore et met l'accent sur les relations humaines et psychologiques. C'est aussi une agréable balade dans Niort, une ville de province peu souvent mise en scène mais qui mérite bien cette attention créative. Le suspens est bien distillé et tient le lecteur en haleine jusqu'à la fin. Un bon moment de lecture en tout cas.
© Hervé GAUTIER – Février 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
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