Nique ta mère la mort
- Par hervegautier
- Le 09/03/2019
- Dans Marion Lecoq
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La Feuille Volante n° 1333 – Mai 2019
Nique ta mère la mort – Marion Lecoq – Ateliers Henry Dougier éditeur.
Tout d'abord je remercie Babelio et les éditions « Ateliers Henry Dougier » de m'avoir fait parvenir ce roman.
Le narrateur est militaire, il part souvent, pour plusieurs mois, pour des « opérations extérieures » et la mort, bien entendu, il connaît puisqu'il la côtoie et même la tutoie. Cela fait quinze ans qu'il est dans l'armée et il aime ça. Quand il n'est pas en campagne, il aime marcher dans la montagne. C'est un solitaire, un peu sauvage, mal aimé par la vie, féru de mécanique mais obnubilé par le bruit des hélicoptères qui lui rappellent la guerre et ses destructions. Ce bruit l'obsède. Il est célibataire, récemment sorti d'une liaison tumultueuse, mais pourtant dans son quotidien, il y a deux femmes, une vieille, handicapée et malade, Annette, qui est sa voisine et une plus jeune, Nadège, qu'il rencontre un peu par hasard et qui ne lui est pas indifférente au point que partir à nouveau n'a plus le même attrait qu'avant. Ces deux femmes ont elles aussi leur croix à porter, Annette, c'est la maladie et Nadège c'est la solitude. Elles ont été cabossées par la vie comme l'a été son copain FX qui veut tellement disparaître que son prénom se limite à ces deux lettres. Le narrateur lui-même n'a même pas de prénom et je l'imagine animé de la même volonté de transparence. Je le sens tellement détruit intérieurement qu'il n'a aucune volonté d'avancement. Le décor autour d'eux est fait de casernes, de HLM, de friches industrielles peuplées d'ombres de migrants, pas vraiment de quoi s'extasier !
Comme tout le monde, il a des souvenirs d'enfance, un frère aîné, mort avant lui, dont le sourire, toujours présent à sa mémoire, le hante. Il voudrait en parler mais, auprès de sa mère, ce sujet est tabou, surtout qu'il a choisit de risquer sa propre vie avec le métier des armes, une manière de se révolter peut-être ? Quand il croise Nadège, elle et lui donnent cette impression de vouloir être heureux ensemble, de vouloir faire échec à cette sorte de malédiction qui les poursuit l'un et l'autre depuis longtemps. Une histoire d'amour est forcément unique, mais ne dure jamais bien longtemps. Un jour ou l'autre, l'un des deux y introduira le mensonge, l'adultère, la violence qui la feront éclater et si elle perdure ce ne sera que sous des apparences hypocrites comme c'est sans doute le cas de son copain Léo. Face à l'avenir, notre imagination est sans borne, elle s'habille d'illusions que nous prenons pour des promesses et auxquelles nous croyons très fort. Bien entendu la désillusion est au rendez-vous et avec elle la déprime quand ce n'est pas pire encore. On peut croire à l'histoire d'amour naissante entre le narrateur et Nadège, on peut quand même penser qu'elle connaître le sort de celles des autres !
La couverture a un petit côté original: cet homme qui se balance sous un l'hélicoptère en vol, a quelque chose d'insolite. Le titre m'évoque un groupe de rap français, un genre de musique que je ne goûte guère. C'est peut-être aussi un cri de révolte, mais après tout la contestation est plutôt saine. On peut y voir une forme de rébellion tranquille, une façon de rire de tout qui est une façon de supporter cette vie ! Je me suis dit que ce roman allait peut-être apporter quelque chose d'autre puisque l'objectif de cette jeune maison d'édition est de « raconter », de briser les murs et les clichés en donnant la parole à des témoins souvent invisibles. Il y a l'histoire qui nous est donnée à lire et dans laquelle je ne suis pas vraiment entré malgré toute mon attention. Y est accolé le terme « Mort » ! Alors, se révolter contre la mort, pourquoi pas, mais cela me paraît être perdu d'avance. Nous sommes tous mortels, nous sommes nés et donc nous mourrons et depuis que le monde existe, les artistes, les philosophes ont réfléchi à cette fatalité. C'est un thème éternel qui fait sens, mais aussi une issue redoutée pour les uns et une délivrance pour les autres, puisque cette vie n'est pas toujours aussi belle qu'on veut bien nous le dire. Nous sommes tous les usufruitiers de notre propre vie qui peut nous être enlevée sans préavis et ce même si, dans nos sociétés occidentales, nous avons choisi de vivre sans penser à cette échéance pourtant inéluctable.
La présentation en courts chapitres facilite la progression dans l'histoire mais l'écriture, directe et sans recherche, qui s'apparente davantage à la conversation ne m'a pas vraiment accroché.
Je n'ai peut-être rien compris au message, je suis peut-être passé à côté d'un chef-d’œuvre mais j'ai eu un peu de mal avec ce roman.
H.L.
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