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la feuille volante

POEMES DE CARAMBELU - Un disque de MESTURA [Marisa López – Luis Suáres] - Pintar Editorial.

 

N°306 – Juillet 2008

 

POEMES DE CARAMBELU - Un disque de MESTURA [Marisa López – Luis Suáres] - Pintar Editorial.

 

Quelqu'un a écrit un jour, je crois que c'est Antoine de Saint Exupéry, « Les adultes sont d'anciens enfants, mais très peu s'en souviennent ». Pourtant, les poètes ont cette faculté émotionnelle de faire revivre cet âge de la vie dont la plupart d'entre nous portons la nostalgie voire le deuil, une période sans retour qui conditionne tellement ce que sera notre parcours futur dans cette existence terrestre.

 

C'est tout cet univers insouciant et merveilleux qui sous la plume de Marisa López ressuscite pour le témoin attentif de ces poèmes où Louis Suárez a accroché les notes de sa guitare, un décor onirique ou un rêve éveillé, qu'importe, un autre monde en tout cas où les personnages sont des pies voleuses [Xujando al cascayu], des brebis blanches qui président au sommeil[Cuatro oveyines blanques], des araignées tisseuses de filets [Pela maňana bien ceo], des chats gourmands de nougats [El gatu], des écureuils joueurs [Los esguilos] ou de girafes qui tutoient les nuages [Les xirafes].

 

Le rideau de scène qui leur sert de décor est fait de reflets d'arcs en ciel, de ciel nocturne constellé d'étoiles, de lune d'argent, d'éclaboussures d'écume...

 

Ce sont des poèmes d'adulte qui parlent aux enfants qui ne veulent pas aller à l'école et sont attentifs aux palabres d'une pendule qui ne donne jamais la bonne heure [Mio güela tenia un reló], où le cerf-volant ressemble à la lune [La sierpe] où les escargots n'aiment pas forcément la pluie [El cascoxu coxu], où les écureuils espiègles jouent aux billes [Los esguilos] où les grenouilles chantent et font des bulles de savon [La xaronca].

 

Ces enfants ne veulent pas grandir et l'auteure nous offre un moment de rêve, nous invitant à nous installer avec elle dans un paysage d'exception, à en prendre notre part, à en être l'invité, le spectateur et donc a ouvrir notre imaginaire. N'hésitons pas!

 

Le bestiaire se prête particulièrement bien à cette évocation parce que le monde de l'enfance et celui des animaux sont comme complémentaires et les acteurs évoqués dans ces poèmes deviennent les complices de cet univers.

 

Le dernier poème me plaît particulièrement parce qu'il s'adresse à un enfant et parle de lui au moment où il s'endort. Comme l'enfance, le sommeil est un monde merveilleux auquel il s'apparente un peu. Là tout devient possible et tout ce qui est interdit ou impossible dans la vie courante devient tout à coup réalisable. Cet impalpable décor s'anime dans un ailleurs d'exception qu'on oublie sitôt le réveil et qui se dissout dans le présent sans que la mémoire puisse en garder l'exact souvenir. Paysages et décors transitoires...

 

Comme le rappelle le dernier poème « Les chansons de ce disque sont des chansons pour s'évader et pour jouer, pour dormir ou pour rêver, pour imaginer ou pour s'amuser...Ce sont des chansons qui cheminent de par le monde de la fantaisie et du rêve, des chansons douces et de toutes les couleurs, comme des caramels »

 

La rencontre d'un talent est toujours un moment fort dans une vie, surtout si ce dernier a plusieurs facettes. J'avais déjà eu l'occasion de saluer dans cette chronique l'existence du premier disque de ce groupe [la Feuille Volante n° 273 – Juin 2007]. Le second me paraît également digne du plus grand intérêt.

 

© Hervé GAUTIER – juillet 2008.http://monsite.orange.fr/lafeuillevolante.rvg 

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