la feuille volante

Je suis un homme

La Feuille Volante n° 1368 Juillet 2019.

 

Je suis un homme Marie Nimier – Gallimard.

 

Dès la première ligne, Marie Nimier y va de son aphorisme « L’enfance n’existe pas » qu’elle met dans la bouche d’Alexis qui va, à la première personne, dérouler son histoire. Nombre d’écrivains se sont penchés sur cette période de la vie des hommes et en ont tiré des conclusions forcément différentes, mais peu importe. Alexis est un peu la honte de cette famille désarticulée par la fuite du père. Le garçon qui est l’aîné des deux fils de ce couple va grandir dans l’ombre des femmes, de sa mère d’abord puis ensuite des différentes filles qu’il va croiser et dont il va admirer la beauté mais surtout la faculté qu’elles ont de jouir plusieurs fois, ce dont il n’est pas capable. De là à en faire un jeune homme insatisfait il n’y a qu’un pas que notre auteure franchit allégrement. Revenons à Alexis, il est beau et se croit irrésistible. Il fantasme beaucoup sur Delphine, une fille rencontrée au lycée et qu’il retrouve quelques années après, fonde avec elle une entreprise à la limite de l’escroquerie, couche et se marie avec une autre fille, Zoe, tout en pensant à celle qu’il ne peut atteindre et surtout posséder. Le lecteur, à travers les différentes tranches de vie du personnage principal de ce roman, ne tarde pas à s’apercevoir que cet Alexis n’est pas autre chose qu’un sale type obsédé par le sexe, dans la peau de qui Marie Nimier tente de se glisser en détaillant à l’envi, dans un catalogue érotique, la façon dont ce jeune homme s’y prend pour jouir et faire jouir ses partenaires et ce malgré le contraste initié dans ce roman dans le personne de Zoé comparée à « La jeune fille à la perle » de Vermeer et le fait qu’elle tient un journal intime. Cet Alex ne parvient même pas à être sympathique à la fin, malgré les circonstances, lui pour qui « être un homme » se traduisait uniquement en baisant et qui maintenant prend conscience que sa fragilité fait aussi partie de la condition humaine.

 

La littérature érotique, voire pornographique a sûrement ses adeptes et je respecte à la fois ceux qui l’écrivent et ceux qui la lisent, mais ce n’est pas vraiment ma tasse de thé. J’admets que, pour un écrivain, faire dans ce « registre » est vendeur mais s’y livrer avec la complicité avec un grand éditeur ne me paraît pas très sérieux. J’en déduis que, comme beaucoup d’autres, Marie Nimier est un écrivain capable du pire comme du meilleur et, le livre refermé, mais cependant lu jusqu’à la fin, je n’ai pas vraiment eu l’impression d’avoir lu le meilleur, en me demandant ce qu’il reste de mon appétence à poursuivre plus avant son univers créatif

 

Le hasard, encore lui, m’a fait croiser sur les rayonnages de la bibliothèque « les confidences ». J’avais été séduit par l’originalité de ce récit et j’avais eu envie d’explorer un peu plus avant sa bibliographie. Avec ce roman, notre auteure change complètement de registre, avec un style quelque peu désagréable et qui tranche largement sur celui que j’avais apprécié auparavant. C’est son droit mais c’est dommage et j’en suis déçu.

 

©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com

 

 

 

 
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