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la feuille volante

La cloche de détresse

N°1713 – Février 2023

 

La cloche de détresse – Sylvia Plath – Gallimard.

Traduit de l’anglais par Michel Persitz.

 

Après avoir lu le roman de Coline Pierré « Pourquoi pas la vie » consacré à Sylvia Plath (1932-1963), j’ai eu envie d’en savoir davantage sur cette poétesse et romancière américaine qui s’est suicidée à 30 ans. Elle est surtout connue internationalement pour ses poèmes et ce livre, d’inspiration autobiographique comme beaucoup de ses textes, est son unique roman.

Sa courte vie a été marquée par la dépression, la désespérance et l’influence étouffante et néfaste de son mari, le poète Ted Hughes. avec qui elle resta mariée sept années. La plus grande partie de son œuvre fut publiée après sa mort par son ex-mari qui était également son exécuteur testamentaire et ses poèmes, dont certains étaient prémonitoires, lui ont valu, à titre posthume, le Prix Pulizer de poésie en 1982. Sa vie et son suicide ont fait d’elle, de la part des féministes, la figure emblématique de la femme étouffée par une société dominée par les hommes.

Ce roman dont le titre lui-même est révélateur, a été publié en 1963, un mois avant sa mort, sous le pseudonyme de Victoria Lucas, puis à nouveau republié après son suicide. Il révèle la dépression et la bipolarité dont souffrait Sylvia Plath. La narratrice, Esther Greenwood, 19 ans, est lauréate d’un concours de poésie ce qui l’amène à passer un été à New York et à goûter à la vie mondaine qu’elle refuse, l’année de l’exécution des époux Rosemberg. Elle se lie d’amitié avec Dooren, bien différente d’elle mais à qui elle veut ressembler malgré le mépris qu’elle lui inspire. Elle prend peu à peu conscience de son inutilité, ce qui ne l’encourage pas à aimer sa vie. La perte de sa virginité l’obsède en même temps qu’elle refuse la chasteté imposée aux jeunes filles avant le mariage alors que les hommes pouvaient mener une vie sexuelle débridée. Après son séjour new-yorkais qui l’a quelque peu déçue, elle rentre chez ses parents mais la mort de son père la plonge dans une profonde dépression que des soins, notamment des électrochocs, ne parviennent pas à guérir. Elle se révolte contre la société qui l’entoure et on la sent prise dans le maelstrom de la dépression entre manque de sommeil, dépendance aux médicaments, état d’abattement, solitude, enfermement et paranoïa (une cloche de verre). Elle veut sortir de l’univers psychiatrique où elle s’enfonce cependant de jour en jour. La perte de sa virginité qui correspondait à ses aspirations vers l’indépendance et la liberté se termine mal, à l’image de sa vie et sonne comme un échec.

C’est évidemment une critique de cette société américaine des années 50, paradoxalement enviée par le reste du monde mais où elle ressent une impression d’étouffement. C’est donc un roman qui, par delà l’histoire, résume bien ce qu’a été la vie de son auteure, pleine de révoltes et d’espoirs dans la vie mais bousculée et engluée dans la dépression jusqu’à sa triste fin. Autant de jalons de son parcours inspiré par son attirance vers la mort. Une lecture éprouvante.

 

 

 

 
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