Trouble dans les Andins
- Par hervegautier
- Le 12/06/2020
- Dans Boris VIAN
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La Feuille Volante n° 1474 – Juin 2020.
Trouble dans les Andins – Boris Vian – Éditions Pauvert.
C’est le premier roman terminé de Boris Vian qui l’a écrit pendant l’hiver 1942-1943 mais qui ne sera cependant pas publié de son vivant. En effet, auparavant il avait entrepris une histoire policière restée inachevée, en collaboration avec sa première femme Michelle Léglise, intitulée « Mort trop tôt » et qui mettait déjà en scène « Le Major ». Qui était donc ce personnage authentique qui fascina tant Boris Vian au point de le mettre en scène dans un autre roman, quelques poèmes et d’autres textes souvent inachevés ? Jacques Lostalot (1925-1948) était légèrement plus jeune que Boris et il l’avait rencontré à Capbreton en 1940. Il se présentait comme un officier anglais de retour des Indes, personnage énigmatique et policé, borgne, portant monocle noir et qui se tua lors d’une surprise-partie en passant par un balcon qu’il enjamba, sans qu’on sache très bien si cela correspondait à une réelle intention de se suicider ou résultait d’un trop grande absorption d’alcool.
Dans ce roman au titre non significatif comme en raffole son auteur, deux personnages principaux apparaissent, « Le Major », « sorte de de détective privé, muni des pouvoirs d’un commissaire multiplicationnaire de Police Judiciaire » et Antioche Tambretambre (il y en a deux autres secondaires – Adelphin de Beaumashin et Sérafinio Alvaraide ) qui sont à la recherche d’un objet mystérieux qu’on leur a volé, le « barbarin fourchu » dont ils se débarrassent aussitôt après l’avoir trouvé et découvrent un manuscrit qui raconte une histoire bien différente, autrement dit une intrigue fantaisiste, déjantée et absurde, distillée en courts chapitres aux multiples rebondissements et qu’il est difficile et sans doute parfaitement inutile de raconter. Si « Le Major » correspond à une personne ayant effectivement existé, même si Boris l’a quelque peu transformé par son imagination féconde, on peut dire qu’Antioche c’est Boris Vian lui-même qui se dédouble d’ailleurs dans d’autres individus dénommés sans ambiguïtés « Brisavion » et « le Baron Visi » et on reconnaîtra là son goût pour l’anagramme (Il a adopté à la fin de sa vie celui de « Bison ravi ») de même qu’il affectionne les inénarrables les noms dont il affuble ses personnages !
Pour autant, ce roman porte déjà en lui ce qui fera le style de Boris notamment dans sa créativité verbale si caractéristique, son imagination débridée, ses descriptions exceptionnelles, ses mises en scène burlesques et jubilatoires.
©Hervé Gautier http:// hervegautier.e-monsitee
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