L'OUBLI
- Par hervegautier
- Le 30/11/2014
- Dans Frédérika Amalia Finkelstein.
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N°837 – Novembre 2014.
L'OUBLI – Frédérika Amalia Finkelstein.
D'emblée, la narratrice se présente comme une jeune fille, Alma-Dorothéa, entre 20 et 25 ans, parisienne, étudiante, juive, très au fait de la modernité entre la musique punk, le Coca Cola et la culture branchée, bref une jeune file de son temps et qui revendique le droit à l’oubli. Pour quelqu'un qui est juif, c'est plutôt étonnant puisque on ne manque jamais une occasion de nous rappeler la Shoah. Ce phénomène qui a d'ailleurs largement été utilisé dans le domaine de la création artistique est récurrent. Je n'y vois personnellement aucun inconvénient puisque ne pas oublier la barbarie qui sévit dans nos sociétés, et parfois sous les formes les plus inattendues, est plutôt une bonne chose même si une piqûre de rappel n'empêche nullement que cela se reproduise régulièrement. Pourtant, nous savons aussi que l'oubli comme le mensonge, la trahison et le meurtre, caractérisent bien l’espèce humaine. Elle est certes prompte à s'indigner ponctuellement pour des faits jugés inadmissibles, à donner à cette réaction toutes les marques de publicité avec l'émotion et la révolte qui vont avec, mais les jours suivants toute cela passe à la trappe et on s'intéresse à autre chose.
Bref, la narratrice revendique le droit à l'oubli. Dont acte ! Pourtant chaque moment de sa vie la ramène à la Shoah, le souvenir de son grand-père, juif polonais, mort en camp d’extermination. Veut-elle étouffer ce souvenir quand elle nous parle de sa vie parisienne sur les Champs-Élysées, entre Ferraris et Cartier, jeux vidéos et Pepsi avec des réminiscences de son enfance. Est-ce l'idée même de la mort qui revient sous sa plume quand elle parle de son chien disparu, de la solitude qui elle aussi fait partie de la condition humaine, de la séparation du ciel et de la terre ? Ses pérégrinations dans Paris sont évoquées avec des préoccupations de nature philosophique et du souvenir des nazis et de leurs chambres à gaz mêlées à des séquences de sa vie au quotidien. Il est souvent question de la mort mais comme un philosophe en parlerait ou bien elle évoque à l'envi le suicide d'Hitler, un mode de vie basé sur l'oubli tout en constatant que celui-ci est impossible. Elle parlent de la souffrance des juifs et du monde. Mais aussi de bien d'autre chose parfois inattendues...Les hasards de la fiction lui font rencontrer la petite-fille d'Eichmann mais elle ne ressent aucune émotion particulière et cette jeune fille elle aussi pratique l'oubli malgré ce nom si lourd à porter.
Bref, tout cela m'a paru bien superficiel et peut-être un peu loin du sujet. Les idées partent dans tous les sens, le texte est sans réelle unité et pour moi sans aucun intérêt.
Le style m'a paru décousu et je suis resté absolument insensible à la petite musique que sans doute il veut distiller. Je suis peut-être passé à côté d'un chef-d’œuvre mais je me suis franchement ennuyé mais j'ai lu cependant ce roman jusqu'à la fin puisqu’il était présenté dans la presse comme le livre d'une auteur pleine d'avenir. Je voulais me faire une idée personnelle et ainsi pouvoir en parler, mais, le livre refermé, c'est la déception qui est au rendez-vous.
©Hervé GAUTIER – Novembre 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
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