Biographie de la faim
- Par hervegautier
- Le 14/09/2019
- Dans Amélie Nothomb
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La Feuille Volante n° 1384 – Septembre 2019.
Biographie de la faim - Amélie Nothomb - Albin Michel.
L'auteure commence par une évocation de l'archipel océanien des Vanuatu où, selon elle, on ne connaît pas à faim simplement parce la nature pourvoit aux besoins des hommes, pour conclure (provisoirement) par l’affirmation "la faim c'est moi". D'emblée cela m'a un peu étonné de sa part même si je n'ai personnellement que peu de repaires dans sa vie publique! L'histoire des peuples est intimement liée à la nourriture et à la nécessite de s'en procurer, mais quand même, je ne voyais d'emblée pas le lien avec elle, fille d'ambassadeur, pas vraiment à ranger dans la catégorie des nécessiteux. Suivent un certain nombre d'informations autobiographiques au terme desquelles elle avoue aimer le sucre, le chocolat , les spéculoos, l'alcool puis l'eau. Que cette boulimie se transforme en anorexie à l'adolescence est sans doute un un point de passage obligé face au corps qui se transforme et à la volonté qu'on a de le combattre, d'autant qu'à cet âge, face à la vie qui s'annonce et qui souvent fait peur, on a parfois envie de mourir (de faim). Heureusement ce passage n'est que transitoire et Amélie compense en se lançant dans la lecture d'une manière effrénée qui est un excellent apprentissage de l'écriture. De plus ses différent lieux ds résidence au Japon, en Chine, au Bangladesh puis aux États-Unis, au rythme des mutations de son diplomate de père, l'ouvre aux cultures et aux richesses du monde, suscitent chez elle une appétence de connaissances. Son envie d'écrire vient sans doute de ce faisceau d'événements et c'est là une "faim" que j'apprécie surtout quand elle se teinte d'humour. Plus que tout cela, c'est je crois, du Japon dont elle est affamée, plus plus tard de l'occident et de sa vie facile (le spectacle de la pauvreté et de la saleté de la Chine et du Bangladesh la révulse). Elle aime aussi être entourée de belles personnes, ce qui est plutôt une marque de bon goût. Ce que je retiens c'est qu'elle a surtout un appétit certain pour la reconnaissance d'elle-même et de sa beauté, de son intelligence, un être à qui tout est dû, qui est fait pour régner sur les autres parce qu'elle inspire l'amour et l’obéissance d’autrui... Et, dans ce but, comme on n'est jamais si bien servi que par soi-même, elle pratique volontiers l'auto-encensement. Cette faim lui procure une forme de plaisir et ainsi je comprends mieux sa formule du début et le titre de son roman. Sa biographie se confond avec cette avidité pour la notoriété! Après tout, l'autosuffisance est une belle chose, surtout quand on s'aime à ce point et sa réussite littéraire est spéctaculaire.
C'est le treizième roman d'Amélie Nothomb publié en 2004 pour être présente à la rentrée littéraire de ladite année . Elle respecte ainsi régulièrement à cette tradition sans doute pour exister et ne pas être oubliée de ses lecteurs. Elle fait certes ce qu'elle veut et satisfait ainsi à son métier d'écrivain, mais cette régularité n'enfante pas pour autant des chefs d’œuvre. Heureusement que ce roman, comme tous les autres d'ailleurs, se lit vite et s'oublie tout aussi vite, tant j'ai eu beaucoup de mal à entrer dedans. Pourtant j'apprécie toujours autant sa manière d'écrire, fluide agréable. J'ai lu ce roman pour pouvoir m'en faire une idée et en parler, mais l’appétit n'a pas été pour moi au rendez-vous. Les éléments de sa biographie qu'elle livre à ses lecteurs sont sans doute, pour ses "fans", de la première importance, mais j'avoue y avoir été assez imperméable malgré l'humour qu'elle y met parfois avec un certain bonheur.
Sans jeu de mots un peu facile, cette fois encore je suis resté sur ma faim.
©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com
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