Le voyage d'hiver
- Par hervegautier
- Le 07/09/2019
- Dans Amélie Nothomb
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La Feuille Volante n° 1381 – Septembre 2019.
Le voyage d'hiver - Amélie Nothomb - Albin Michel.
L'histoire de ce roman est banale et aussi tarabiscotée que les deux personnages principaux : Zoïle est amoureux d'Astrolabe mais l'amour de cet homme ayant été déçu, ce dernier ne trouve rien de mieux que de faire exploser un avion en le précipitant sur la Tour Eiffel et évidemment de trouver lui-même la mort à cette occasion. C'est une manière de se venger contre cet amour impossible et aussi sans doute contre le monde entier puisque les innocents qui vont ainsi payer de leur vie son geste insensé, n'y sont pour rien. Cette déception amoureuse lui a tellement fait détester l'espèce humaine dont il fait évidemment partie qu'une destruction s'impose et que son simple suicide devient insuffisant. Et puis il lui faut du spectaculaire. Auparavant, il prend soin d'écrire la raison de son acte, précisant que cela n'a rien à voir avec le terrorisme, une sorte de testament où il tente de justifier son geste. Cet écrit est d'ailleurs peut-être inutile parce qu'il n'y a que peu de chance qu'on le retrouve après son geste désespéré. Amélie Nothomb met en scène cet homme qui, à la première personne, raconte par le menu les circonstances rocambolesques de sa rencontre avec Astrolabe, une assistante de vie et surtout d'écriture d'Aliénor, une auteur à succès mais surtout une retardée mentale dont la présence à la fois inquisitrice et dérangeante hypothèque leurs rencontres amoureuses devenues ainsi surréalistes et finalement impossibles. Pire peut-être, ce qui aurait pu être une belle histoire d'amour transforme Astrolabe en véritable castratrice , ce qui n'est point du goût de Zoïle qui prend même soin de détailler son projet. C'est un peu délirant, pour ne rien dire du "modus operandi" complètement absurde.
C'est encore le hasard qui a guidé mon choix de lecture et Amélie Nothomb, comme chaque année (nous sommes en 2009) au moment de la rentrée littéraire, publie son roman annuel, histoire de ne pas se faire oublier de ses lecteurs, de faire entendre sa voix ou de mériter sa qualification "d'écrivain prolixe". Je ne suis pas du tout entré dans ce roman, pour moi vraiment peu convainquant et surtout pas dans cette manœuvre grossière, dans ce "voyage d'hiver" imaginé par Zoïle qui n'a rien à voir en tout cas avec Franz Schubert. Ce livre est certes bien écrit comme toujours et je dois bien admettre que c'est un plaisir de lire Amélie Nothomb, non pas tant pour l'histoire qu'elle raconte que de la manière dont elle la raconte. De plus cet ouvrage se lit rapidement, ce qui n'est pas la moindre de ses qualités. Elle ne manque jamais d'y glisser sa grande érudition, des aphorisme et ses remarques personnelles pleines d'un bons sens et d'un humour de bon aloi, mais c'est moins cela qui me gêne que les nombreuses digressions et longueurs qui maillent le texte et parfois égarent un peu le lecteur. Quant à prétendre "qu'il n'y a pas d'échec amoureux ", tant mieux pour elle si elle fait ainsi appel à son expérience personnelle pour affirmer cela!
J'ai dû écrire dans cette chronique qu'Amélie Nothomb était capable du pire comme du meilleur. Ici je n'ai pas vraiment eu l'impression de lire le meilleur. Bref un roman bien quelconque à mes yeux !
©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com
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