la feuille volante

TUER LE PERE

N°849 – Décembre 2014.

TUER LE PERE Amélie Nothomb – Albin Michel.(2011)

Cette expression évoque le « complexe d’Œdipe » selon lequel un garçon tombe amoureux de sa mère et n'a de cesse d'éliminer son père. La quatrième de couverture indiquant seulement « Allez savoir ce qui se passe dans la tête d'un joueur »ne m'en disait pas très long sur le thème du roman.

Joe Whip, quatorze ans, vit à Reno dans le Nevada, chez Cassandra, sa mère, une femme qui tient davantage à ses amants, nombreux et éphémères, qu'à son propre fils. Son père a d'ailleurs fait comme les autres, il a été abandonné par elle. Le garçon s’intéresse depuis toujours à la magie et il est même doué pour cela mais quand un nouvel amant vient se glisser dans le lit de Cassandra, il ne supporte pas le garçon. Pour être sûr de garder cet homme auprès d'elle, elle met son fils à la porte. Joe vivote grâce aux tours de magie, croise le chemin de Norman Terence qui va devenir son maître et son père spirituel et le garçon tombe éperdument amoureux de Christina, la très belle compagne de Norman, la jongleuse de feu. Le couple adopte l’adolescent qui mène dans son nouveau foyer une vie solitaire avec un seul objectif qui est aussi un espoir fou : posséder Christina. Il dut pour cela attendre l'âge de 18 ans pour réaliser son vœux le plus cher mais aussi perdre avec elle son pucelage.

J'observe que, malgré les mœurs très libres de ce « ménage » Joe perpétue quand même une trahison de son père adoptif en faisant l’amour à Christina. C'est effectivement une manière de le tuer que de lui prendre sa femme même si cela ressemble à s'y méprendre à une banale affaire d'adultère. Il me semble que Norman, qui aime Joe comme son fils et l'a élevé comme tel, ne méritait sans doute pas cela. Il est amoureux de sa compagne et désireux de la garder au point de décliner les nombreuses sollicitations féminines. Malgré cela, non seulement il est cocu mais cela ressemble aussi à une forme inceste. Christina quant à elle a peut-être l'excuse d'avoir été sous LSD au moment de cette étreinte. Peut-être, cependant puisque son ancienne appartenance à la communauté hippy a dû laisser en elle une empreinte pérenne. Norman laisse partir Joe à Las Vegas non pas comme magicien mais comme croupier, se libérant ainsi de sa présence et sauvant les apparences, tous les enfants du monde, même légitimes, quittent leurs parents pour faire leur vie loin d'eux. Ce faisant, il veut tourner une page avec sa compagne mais j'imagine mal leur vie commune, minée par une telle trahison. Il semble d'ailleurs qu'ensuite ils se séparent. Il va aussi amener Joe à dévoiler son vrai visage, celui de l'ingratitude si présente dans l'esprit humain.

J'avoue que je n'ai trouvé de l’intérêt à ce roman que dans les dernières pages avec une variation sur les relations père-fils, le reste du temps je me suis un peu ennuyé en me demandant où l'auteur voulait en venir, craignant une banale « happy-end ». Même si Amélie Nothom ne se départit pas de son style simple mais agréable à lire, je renoue quant à moi avec l'avis traditionnel que j'ai des romans de cette auteure. Ils sont très inégaux et celui-là, le 20° de la série, n'a que très tardivement retenu mon attention.

Amélie Notomb fait décidément partie des écrivains que je lis pour pouvoir m'en faire une idée et ainsi en parler mais très rarement par plaisir. Il se peut d'ailleurs que j'abandonne cette habitude, par lassitude !

©Hervé GAUTIER – Décembre 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com

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