L'HONNEUR DE SARTINE – Jean-François PAROT –
- Par hervegautier
- Le 05/08/2011
- Dans Jean-François PAROT
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N°536 – Août 2011. L'HONNEUR DE SARTINE – Jean-François PAROT – JC Lattès.
Nous sommes en 1780, à Paris, sous le règne de Louis XVI, M. Edme de Chamberlin, ancien contrôleur général de la Marine, vient de mourir. Celui-ci, susceptible de détenir des archives intéressant la Couronne, Nicolas le Floch, commissaire de police au Châtelet, se présente au domicile de M. Jacques Bougard de Ravillois, fermier général et oncle par alliance du défunt qui résidait chez lui. Comme rien n'échappe au policier, il constate que Chamberlin a été assassiné, écrasé par la baldaquin de son lit préalablement scié. Poursuivant ses investigations, le Floch va de surprise en surprise : testament volé, documents disparus qui pourraient être compromettants pour les affaires de l'État, codicille caché dans un meuble à secrets puis découvert, objets précieux subtilisés, billes qui ne seraient pas exactement des agates en verre... Il y a aussi cette absence d'échelle qui aurait permis de scier la courtine et ainsi de perpétrer le meurtre ... La poursuite de l'enquête mène notre commissaire et son inspecteur, le fidèle Bourdeau, successivement chez M. La Borde, fermier général et ancien premier valet du roi et M. Saint-James, ancien trésorier des colonies, et nombre de gens avec qui le défunt étaient en affaires, parfois un peu louches. Tout cela le mène à Gabriel de Sartine, ministre de la Marine... Comme il se doit, s'agissant de personnages importants, on demande à Le Floch d'être des plus discrets !
Sartine, était pour la cabale une cible de choix et représentait pour Necker, directeur général des finances, un grand dépensier puisqu'il voulait moderniser la flotte ... Mais il semble que les documents disparus avaient une grande importance d'autant que le défunt lui-même y voyait, selon certains témoins, une assurance pour l'avenir. Ils porteraient atteinte à l'honneur du ministre, opération financières consenties au profit de la Marine, dispositions secrètes ? Sartine semble beaucoup tenir à ces documents et ce d'autant plus qu'il envoie un homme à lui pour les récupérer, sait s'attacher des espions...Vient se greffer une histoire de vases chinois également disparus dans des conditions énigmatiques mais dont un exemplaire au moins réapparait, proposé à un collectionneur, Tiburce, le fidèle valet de Chamberlin, également assassiné dans les conditions bizarres ... Bref, une affaire banale au départ qui prend une ampleur inattendue sur fond de guerre contre les Anglais pour la libération du peuple américain, de secrets, d'espionnages, de rebondissements inattendus, de contre-temps regrettables, de chantages dangereux, des rébus, avec en plus une tentative de meurtre sur la personne du commissaire, des problèmes familiaux le concernant, des dettes de jeu, des haines familiales et les apparences hypocrites qui veulent donner le change, des secrets d'alcôves, des trahisons, des adultères et un intérêt royal pour cette affaire dont Louis XVI se tient régulièrement informé ... L'enquête policière trouvera sa conclusion, mais le jeu politique prendra le dessus, avec la perfidie habituelle et sa volonté de puissance et de nuisance qui s'exerce souvent contre les plus fidèles serviteurs de l'État.
Le livre aura toujours pour moi une supériorité sur les séries télévisées ou sur les films, si bien réalisés soient-ils. Je ne connaissais pas les œuvres de Jean-François Parot. Je dois dire que j'ai apprécié de me retrouver dans ce Paris du XVIII° siècle, dans le quotidien du peuple autant que les intrigues de cour. J'ai goûté cette histoire policière passionnante du début à la fin, distillée dans un texte emprunt d'un vocabulaire riche et parfois délicieusement suranné, avec des phrases ciselées avec bonheur, des expressions qui valent leur pesant d'histoire. J'ai bien aimé aussi les propos sur le vin, les recettes culinaires qui émaillent le récit et l'apparition épisodique mais bienvenue de la chatte Mouchette, sans oublier le chien Pluton qui gagne ici ses galons de limier.
Un texte fort plaisant et bien écrit, un bon moment de lecture et un agréable dépaysement que je souhaite renouveler.
©Hervé GAUTIER – Août 2011.http://hervegautier.e-monsite.com
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