la feuille volante

LIBRES PROPOS - L'AVION DE SAINT- EXUPERY.

 

 

N°225

Mai 2000

 

 

 

LIBRES PROPOS – L’AVION DE SAINT- EXUPERY.

 

 

Voilà qu’on reparle d’Antoine de Saint Exupéry. En soi, la nouvelle ne pouvait que m’intéresser. Qu’on parle de cet écrivain d’exception qui a su être un homme de plume comme un homme d’action ne pouvait me laisser indifférent !

 

Malheureusement, ce n’était pas pour évoquer le compagnon de Mermoz et de Guillomet ou « Courrier Sud », « Pilote de Guerre » ou « Terre des Hommes » , ces textes qui ont enchanté mon adolescence et ma vie d’homme, mais pour reparler … de sa mort !

 

Déjà, l’an passé, on avait, soi-disant, retrouver son avion. En faisait foi, une hypothétique gourmette qui lui aurait appartenu. Elle est toujours en cours d‘examen… Et voilà qu’on remet cela et qu’un plongeur, sûrement en mal de notoriété, prétend avoir retrouvé son avion. A la télévision on a exhibé un train d’atterrissage mangé par la rouille et torturé par des mollusques marins. La belle affaire ! Et on a prétendu que cet avion était unique et ne pouvait donc qu’être celui du pilote–écrivain !

 

Cela va sans doute occuper un peu l’actualité immédiate. Si au moins cela pouvait donner envie de lire ou de relire ce merveilleux auteur qui a tant honoré les Lettres Françaises, si au moins… mais franchement je ne suis sûr de rien ! Au contraire, au nom du sacro-saint droit à l’information, on va nous abreuver d’images sous-marines d’ improbables restes d’un aéronef dont on va nous affirmer qu’il est bien celui de Saint-Ex. Peut-être passera-t-on quelques photos de l’écrivain ? Mais je n’ose espérer qu’on nous fasse partager quelques extraits de ses romans. Il ne faut pas en demander trop !

On va sûrement nous débiter sur son compte les habituelles inepties dont bien des films se sont fait l’écho… Et puis on reparlera de l’avion !

 

A propos de cet appareil, et n’en déplaise à l’inventeur, puisque c’est son nom juridique, cette partie de la Méditerranée ne recèle pas un, mais un grand nombre d’épaves de Lighting P38, comme celui que pilotait le commandant Antoine de Saint Exupéry, le 31 juillet 1944, quand il avait rendez-vous avec la mort. Alors, cet avion plutôt qu’un autre !

 

Et puis il y a autre chose. On dit que Saint-Exupéry était las de vivre. Sans doute, et le dernier écrit qu’il laissa avant de s’envoler pour sa dernière mission pourrait en faire foi . Il était un homme libre et avait peut-être choisi, en ce jour qui était pour lui le dernier, de survoler une dernière fois les lieux où il passa sa merveilleuses enfance.

 

On a beaucoup gloser sur la manière dont il a été « descendu » par un avion de la chasse allemande qu’il n’aurait pas dû croiser. Le P 38, volant plus haut était hors de portée du chasseur. Une lettre d’un pilote allemand, tué quelques jours après et qui volait ce 31 juillet 1944 dans ces parages, fait état de cet avion allié qui semble s’être offert à ses balles d’une manière incompréhensible… Tout cela est intriguant, même si le commandant Antoine de Saint- Exupéry a choisi, en ce jour de quitter la vie en servant son pays.

 

Il aurait donc voulu la Méditerranée pour linceul, comme l’Atlantique qui s’était refermé, quelques années plus tôt sur «  La Croix du Sud » de son ami Mermoz. Qu’on respecte cela et qu’on aille pas fouiller les restes du cimetière marin qu’il aurait choisi. Qu’on respecte sa sépulture puisque c’est en pilote combattant qu’il est mort !

 

Il est pour chacun de nous l’auteur du « Petit Prince », peut-être le livre le plus populaire et assurément le plus traduit dans le monde. Il a, grâce à lui fait rêver notre pauvre espèce humaine et continuera sans doute de le faire encore longtemps, preuve que les poètes ne meurent jamais complètement !

 

Alors, que les hommes le laissent reposer en paix. Ils lui doivent bien cela !

 

© Hervé GAUTIER.

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