la feuille volante

Toi, mon chat


 

La Feuille Volante n° 1416Décembre 2019.

Toi, mon chat - Dominique Brisson, Pascale Belle de Berre - Éditions Cour toujours.

 

Tout d'abord, je remercie Babelio et les éditions "Cours toujours" de m'avoir fait découvrir cet ouvrage de Dominique Brisson pour les textes et Pascale Belle de Berre pour les pastels. C'est vraiment un beau livre.

 

L'univers du chat, ses réactions parfois étranges, la phobie que parfois il inspire, son indépendance, la musique de ses ronronnements m'ont toujours fasciné. Il a, dit-on, neuf vies, les Égyptiens le célébraient comme un dieu et il a bien souvent inspiré les peintres et surtout les poètes et ce même si on a parfois péjorativement moqué sa maigreur, sa peur de l'eau froide ou simplement parlé de l'éventualité de le fouetter. Il est, et ce depuis des siècles, un auxiliaire efficace dans la lutte contre les rongeurs et le "Roman de Renard" nous présente un Tibert convainquant tandis que Garfield est croqué en philosophe gourmand quelque peu égoïste et paresseux. Le chat n'est donc pas seulement un simple animal de compagnie, c'est un véritable compagnon, un complice qui ne laisse évidemment pas indifférents ceux qui vivent avec lui et qui habitent chez lui parce qu'il devient vite évident qu'il investit jusqu'à la propre maison de ceux qui l'ont recueilli.

 

J'ai donc décidé de m'approprier ces trente récits à la lumière des moments d'exception passés avec mon compagnon. Il a sa propre manière de s'exprimer qui dépasse les miaulements traditionnels qu'on lui attribue. Ils sont souvent plaintifs, toujours expressifs, vont de l'itératif commandement à la supplication, il sait y faire et obtient toujours ce qu'il veut. Il adopte très vite un langage cabalistique que sa gestuelle corporelle précise et que l'émail de ses yeux soulignent. Pour peu qu'on y prête attention on peut avoir avec lui des conversations silencieuses faites de clignements de paupières, de rauquements de gorge, de coups de tête et de frottements sur les jambes... Je ne sais pas quoi en penser, toujours est-il qu'il affectionne souvent les rayonnages de la bibliothèque et suis sûr qu'il est sensible à l'odeur de l'encre, à la fragrance du papier et pourquoi pas à la musique des mots, parce qu'évidemment il sait lire et pénètre facilement dans l'univers créatif d'un auteur. Ce n'est quand même pas parce que c'est un animal à poil qu'il n'est pas sensible aux gens de plume ! Il tente même d'attraper mon stylo quand je hasarde des mots pour ce modeste commentaire. C'est peut-être une tentative de donner son avis, une manière de contestation, après tout il a lui aussi son mot à dire puisqu'il s'agit de lui. Et puis le farniente, ça il connaît, au soleil d'été ou près du radiateur l'hiver. Il y a les courses effrénées dans le jardin, les explorations jalouses de son territoire, l'heure du repas qu'il ne manque jamais même si sa gourmandise lui fait souvent renouveler cette séquence mais j'ai pu voir qu'il a une pendule dans la tête et s'adapte mieux que moi aux ridicules changements d'heure que la loi nous impose, à nous pauvres humains! Tout cela procède du mystère qui l'entoure et de la fascination qu'il inspire.

 

Parmi ces témoignages, beaucoup sont anecdotiques mais révèlent autant l'indépendance du chat que son attachement à son maître. J'ai une particulière tendresse pour Édito, cette chatte journaliste qui s'est installée dans un salle de rédaction d'un quotidien. Cela me rappelle qu'il y a quelques années un chat s'est installé dans la mairie de la ville de Niort, cette cité tant décriée par Houellebecq, on se demande bien pourquoi. L'article de presse qui lui a été consacré détaillait son quotidien et l'attachement du personnel mais ne précisait pas s'il assistait aux séances du conseil municipal ni si le maire lui prêtait un oreille attentive. J'ai été sensible aussi à l'histoire de Limoges, cette chatte fidèle dont son maître se sépare pendant trois ans et qui finalement vient mourir dans ses bras.

 

L'animal est tellement tout cela et tellement d'autres choses encore qu'il me reste à découvrir parce que, évidemment chaque chat est unique, toujours prompt à étonner. D'ailleurs mon compagnon s'agite et jette des regard désespérés vers la porte et la nuit. Il a sûrement un rendez-vous mais là, c'est une autre paire de pattes!

©Hervé Gautier http:// hervegautier.e-monsite.com.

 
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