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la feuille volante

LA FETE DE l' INSIGNIFIANCE

N°859 – Janvier 2 015

LA FETE DE l' INSIGNIFIANCE Milan KunderaGallimard.

Insignifiance : caractère de ce qui ne présente aucun intérêt, ce qui est quelconque, qui passe inaperçu, ce qui est futile et vain. Ce titre avait donc tout pour attirer mon attention puisque je me suis toujours considéré ainsi et puis je me suis dit que si Milan Kundera prenait la peine d'en parler c'était que cela, paradoxalement, avait quand même de l'importance !

On peut, il est vrai tout trouver futile dans cette vie, l'exemple qu'il donne de Staline et de ses perdrix en est la preuve, mais il me semble quand même que, même si ce ne sont que des mots, discourir sur la beauté des femmes n'est pas insignifiant. Réfléchir sur la brièveté de la vie, sur la mort, sur la maladie, sont des thèmes qui reviennent souvent dans les conversations, nécessairement ordinaires et rire de tout, de nos déboires de pauvres humains, ne pas prendre au sérieux un monde que, malgré toute notre bonne volonté nous ne pourrons pas changer, est une chose plutôt salutaire.

J'avoue avoir assez mal suivi ces cinq compères qu'on voit déambuler dans ce roman, leur refus de la vie, la haine entre le gens y compris dans le couple, la vanité des relations entre les êtres, la séduction, la prise de conscience que toute cette agitation qu'est la vie n'est rien, oui, mais et après ! Ce roman est certes une auscultation de l’espèce humaine à travers pas mal de digressions qui vont d'une anecdote un peu « humoristique » sur Staline à une pérégrination dans les jardins du Luxembourg en passant par un cocktail un peu surréaliste. Que les êtres soient des énigmes pour eux-mêmes et pour les autres, que la beauté des femmes soit une chose fascinante, qu'il soit vain de s'excuser constamment à cause du ridicule principe judéo-chrétien de culpabilité, que la vie soit une chose fragile qui peut à tout instant nous échapper, que cette espèce humaine soit définitivement entachée par la honte, la trahison, le mensonge, l'ennui, la mélancolie, cela oui, je veux bien mais l'obsession du nombril, même reconsidéré comme le summum du charme féminin, là, je décroche un peu. Était-ce une leçon de vie, une invitation à la regarder sous l'angle de la bonne humeur parce que tout ici pas est transitoire, absurde, sans grand intérêt et que nous ne sommes qu'usufruitiers de notre existence, pourquoi pas ?

Le livre refermé, j'ai eu l'impression qu'il pouvait parfaitement se poursuivre à l'infini parce qu'il n'y a pas vraiment de trame romanesque. J'ai eu aussi le sentiment d'avoir voyagé dans un pays bizarre, un peu connu de moi et cependant où je n'étais pas le bienvenu. J'ai eu l'impression d'y avoir été une demandeur d'asile mais avec une sorte de retenue qui m'a fait m'interroger me demandant si j'y étais vraiment à ma place.

j'avoue que j'avais aimé « l 'insoutenable légèreté de l'être ». Milan Kundera n'est évidemment pas pour moi un auteur mineur et je suis peut-être passé à côté d'un chef-d’œuvre, sans doute parce que je suis moi-même un insignifiant, probablement parce que je n'ai rien compris et que l'insignifiance n'est pourtant pas chez moi une fête.

©Hervé GAUTIER – Janvier 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com

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