la feuille volante

la femme gelée

N°1699 – Décembre 2022

 

La femme gelée - Annie Ernaux – Gallimard.

 

St Thomas d’Aquin conseillait qu’on se méfiât de l’homme d’un seul livre. Même si cet aphorisme de ce docteur de l’Église est discutable, il reste que, s’il est un auteur qui a mis son autobiographie au service de son œuvre romanesque en en faisant le thème central et exclusif, c’est bien Annie Ernaux. Elle incarne à mes yeux, et ce sans aucune critique de ma part, le solipsisme de l’écrivain. Je remarque que le jury suédois semble apprécier les écrivains français qui explorent leur mémoire personnelle dans leur œuvre puisqu’il a déjà distingué en 2014 Patrick Modiano qui a fait la même démarche créative.

 

Dans ce roman, le troisième de cette auteure, publié en 1981, elle se représente en jeune fille qui a vécu une enfance heureuse au sein d’une famille modeste de petits commerçants normands mais compréhensive et qui souhaitait surtout qu’elle ait une vie meilleure que la leur. Elle était un peu leur revanche à eux (surtout à sa mère) et faire des études, devenir quelqu’un, avoir des connaissances et un bon métier lui permettra d’échapper au pouvoir des hommes. Dans les années 60 c’était en effet le destin de la femme que de rester à la maison, se charger des taches ménagères, d’élever ses enfants et de dépendre de son mari comme ce fut le cas de sa mère. C’est aussi l’époque où l’ascenseur social fonctionne encore et il est communément admis qu’un « bagage »(comme on disait à l’époque) ouvrait les portes de l’emploi. Elle fait donc des études universitaires, rencontre un étudiant et l’épouse. C’est aussi l’époque où les esprits s’ouvrent et les mentalités évoluent grâce à de grandes vois féminines et elle imagine que les choses vont évoluer vite et entretient l’illusion de l’égalité des sexes.

Elle parle librement de ses années d’enfance, de ses interrogations de fille face à la transformation de son corps, aux craintes instillées par la religion et sa morale, à la peur d’un avenir traditionnellement tracé, son goût pour les livres sans images et son envie diffuse d’en écrire elle aussi, plus tard. Puis viennent les années d’adolescence avec ses doutes ses espoirs, les études, un métier d’enseignant, le mariage puis la maternité, l’installation dans la vie, une sorte de routine incontournable pour une femme

J’aime bien lire Annie Ernaux, mais là, je me suis un peu ennuyé.

 
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