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la feuille volante

Glacé

N° 1527- Février 2021

 

Glacé – Bernard Minier - Pocket

 

Dans les Pyrénées, en plein hiver, en haut d’une remontée mécanique, on a retrouvé un corps. C’est déjà étonnant, mais le plus étrange c’est que ce cadavre est celui... d’un cheval décapité, dans une mise en scène macabre, détail suffisant pour que le commandant Servaz, par ailleurs en charge d’un autre affaire de meurtre sur la personne d’un SDF, soit désigné pour cette enquête de concert avec la capitaine de gendarmerie Irène Ziegler. Le cheval, un pur sang, appartient à Eric Lombard, notable voisin et capitaine d’industrie et il ne fait pas de doute que ce fait est lié à cette personne. Il ne fait pas de doute non plus que cet homme, de part sa fortune et sa position, a des appuis en haut lieu ce qui compliquera les choses pour les enquêteurs. Il y a un centre pénitentiaire psychiatrique, l’institut Warnier, à proximité de la scène « de crime »  où vient d’arriver Diane Berg, une jeune psychologue suisse. Les investigations révèlent la présence in situ de Julian Hirtman, ex-procureur et tueur redoutable, pensionnaire de l’institut, mais cette information pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses aux enquêteurs et ce d’autant que d’autres meurtres tout aussi mystérieux ont lieu dans la région avec toujours ses traces ADN. Cette suspicion remettrait en cause l’existence même de cet institut unique en son genre et craint par les habitants de cette vallée parce qu’elle réveille une histoire macabre vieille de quinze ans. Il y a des cadavres dans les placards des archives patiemment constituées et ressuscitées par un juge à la retraite, de vieille histoires qui mettent en lumière toute la turpitude dont est capable l’espèce humaine, un parfum nauséabond de règlement de comptes anciens, les apparences qui sont parfois trompeuses et qui polluent le jugement le plus sensé, des fausses pistes et des vrais indices, une dimension rituelle dans les modus operandi, un rappel de l’adage que la vengeance est un plat qui se mange froid, et au cas particulier plutôt faisandé, qu’il ne faut faire confiance à personne, que l’hypocrisie fait toujours partie du quotidien…

L’institut Warnier où travaille Diane Berg, la nouvelle psychologue, est suffisamment mystérieux pour que cette dernière s’intéresse à ce qui s’y passe, notamment en matière de traitements médicamenteux. Elle mène son enquête personnelle qui, sans qu’elle s’en doute, rejoindra les investigations policières et les éclaireront.

 

J’ai aimé la personnalité et les remarques teintées d’humour de Servaz, policier de terrain et consciencieux, notamment à propos de la hiérarchie policière calfeutrée dans les bureaux, bien plus occupée par son avancement et par l’entretien de son incompétence que par sa mission de service public. Ces commentaires pertinents sont de portée générale! C’est un flic solitaire, cultivé, sensible à la beauté des femmes, bien loin de cette catégorie de fonctionnaires flagorneurs et arrivistes.

J’ai apprécié que ce texte bien écrit, émaillé de belles descriptions de cet écrin de montagnes en hiver, bien construit, érudit, bien documenté et lu avec gourmandise, soit associé à la musique de Gustav Malher . L’auteur y règle quelques comptes notamment au sujet de la psychiatrie et tient en haleine son lecteur jusqu’à la fin avec force rebondissements où les différents personnages à la personnalité parfois compliquée sont entraînés dans une sorte de maelstrom meurtrier. La littérature policière est un terrain propice à l’exploration des méandres délétères de l’âme humaine et ce roman les analyse avec pertinence et talent. Publié en 2011 ce roman passionnant est le premier d’une série écrite par Bernard Minier. Il a fait l’objet d’une adaptation télévisée et a été couronné par de nombreux prix. Moi, simple lecteur, je n’ai aucun mérite à me joindre à la cohorte de louanges qui a accompagné la publication de ce thriller et je pense que je vais m’intéresser à l’ œuvre de cet auteur.

 
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