la feuille volante

Combats et métamorphoses d'une femme

N°1953– Décembre 2024.

 

Combats et métamorphoses d’une femme – Édouard Louis - Éditions du Seuil.

 

Dans ce court texte, j’ai eu l’impression de relire un autre roman biographique du même auteur « Monique s’évade ». Dans ce volume, Édouard Louis nous fait partager à nouveau le triste destin de sa mère, une jeune femme pauvre dans un Nord pauvre et triste, soumise à un premier mari, puis à un second, dans un contexte de violence, d’humiliations, d’alcoolisme, de solitude, d’abandon, surtout pour elle. Je note cependant que l’incompréhension, la violence, l’abandon, ne sont pas l’apanage des classes populaires et défavorisées. Cela touche aussi les autres couches de populations plus aisées, mais là le non-dit et l’hypocrisie l’emportent sur la dénonciation.

Quand il est entré en littérature, l’auteur a fait des révélations sur sa famille, ce qui n’a guère plu à sa mère et on peut aisément le comprendre. Avec ce texte il m’a semblé qu’il voulait en quelque sorte se racheter en la réhabilitant. Rendre hommage à sa mère, une femme courageuse, me paraît parfaitement légitime. J’ai déjà dit dans cette chronique que l’autobiographie d’un auteur était une source intéressante de création et ce n’est sans doute pas Annie Ernaux et Patrick Modiano, notamment, tous les deux nobélisés, qui diront le contraire.

Édouard le fait un peu pour lui aussi puisque c’est grâce à son ascension spectaculaire, à sa valeur, à la chance qu’il a eue de rencontrer les bonnes personnes qui l’ont assisté, à ses relations dans le monde de la culture, que Monique, sa mère, a pu ainsi s’extraire de ce milieu toxique et ainsi reprendre goût à la vie en rencontrant des personnalités quelle n’aurait pas imaginer côtoyer. C’est évidemment émouvant et sans doute de nature à encourager d’autres femmes à changer de vie, même si cette entreprise, dans un contexte différent, n’est pas forcément assurée d’un succès. Tout le monde n’a pas un fils écrivain célèbre !

C’est aussi un récit humain à dimension sociologique indéniable et cette tentative réussie d’échapper à sa condition reste un exemple que la littérature a, en quelque sorte consacré.

Il reste que je suis assez partagé face au style de l’auteur. Je le trouve banal, sans grande originalité, même si ce texte se lit bien. Sans être déçu par ce livre, j’en retiens une impression mitigée.

 

 
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