La chaise numéro 14
- Par ervian
- Le 31/07/2025
- Dans Fabienne Juhel
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N°1997 – Juillet 2025.
La chaise numéro 14 – Fabienne Juhel – Éditions du Rouerge.
Ce livre qui n’est pas répertorié comme un roman, évoque une page sombre de notre histoire, celle de l’épuration qui a fait suite à l’Occupation et plus spécialement l’épisode peu glorieux des femmes tondues pour avoir eu des relations intimes avec un Allemand. Il parle de l’humiliation subie par une jeune fille bretonne, Maria, livrée ainsi à la vindicte publique alors même que cette relation amoureuse n’avait donné lieu ni à des dénonciations ni à des arrestations. Elle avait accepté cette épreuve avec courage, tout en gardant le droit de se venger de ceux qui s’étaient rendus coupables de cette bassesse. S’attaquer à des femmes sans défense n’était certes pas glorieux pour ceux qui étaient souvent des résistants de la dernière heure et ce d’autant plus que, agissant ainsi, ils exorcisaient souvent leur lâcheté devant l’ennemi et que surtout il n’y avait plus de risque.
A la Libération beaucoup ont payé leur attitude coupable pendant la guerre même si certains de ceux qui perdirent la vie furent victimes de dénonciations mensongères et ne durent souvent leur malheur qu’à la jalousie de leurs voisins. Pour les femmes s’était un peu différent. Ce qu’on leur reprochait ce n’était pas d’avoir dénoncé mais simplement d’avoir couché avec l’occupant, ce qui arrive à l’occasion de toutes les guerres avec occupation de territoire. La sanction ne pouvait donc pas être la mort mais l’humiliation publique en s’attaquant à un symbole de leur féminité, leur chevelure. On les exhiba dans les rues, parfois à demi dénudées, en leur crachant dessus et ce d’autant plus volontiers que ceux qui leur infligeaient cette honte avaient souvent été éconduits par leur victime, comme c’est le cas dans ce témoignage. Quant au pardon, c’est une autre histoire.
Ce que je retiens ce sont les mots de Paul Eluard « Comprenne qui voudra moi mon remords ce fut la malheureuse qui resta sur le pavé, la victime raisonnable à la robe déchirée, au regard d’enfant perdu, découronnée, défigurée, celle qui ressemble aux morts, qui sont morts pour être aimés ».
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