Flagrand Déni
- Par hervegautier
- Le 04/02/2024
- Dans Hélène Machelon
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N°1829 – Février 2024.
Flagrant déni -- Hélène Machelon – Le dilettante.
Juliette, 17ans, lycéenne brillante et promise à un bel avenir, va accoucher aux urgences alors qu’elle croit à une appendicite et cherche à rabrouer sa mère qui n’avait rien vu et à convaincre le médecin qu’il se trompe. Pourtant la réalité s ‘impose avec ce nouveau-né que Juliette refuse et voué d’emblée à l’adoption. Elle n’en veut pas et parle déjà de lui comme « l’autre ». C’est davantage que le « Baby Blues » puisqu’elle l’imagine mort ou envisage le suicide, entre honte et culpabilité. Ses parents eux-mêmes n’en reviennent pas de n’avoir rien vu mais sont prêts à accueillir ce petit garçon qui leur rappelle tant ce fils que la mort leur a pris, la mère de Juliette, autoritaire et envahissante parce qu’elle l’a décidé, son père parce qu’il a pris l’habitude d’acquiescer aux volontés de son épouse, ne serait-ce que pour avoir la paix. Le couple fera face à l’opprobre de l’incontournable rumeur publique et à l’expérience du regard des autres, de leurs commentaires, mais accusera le coup. Sa sœur Chloé qui ne lui ressemble pas retrouve sa place, elle qui a été constamment marginalisée dans une famille qui ne vit que pour Juliette.
Je ne suis pas spécialiste, mais que Juliette ait succombé à un homme de quinze ans son aîné, un avocat chez qui elle travaillait temporairement et qui a disparu une fois que sa paternité lui a été révélée et la refuse, cela je l’admets, mais qu’il l’ait fait pour échapper au « détournement de mineur », lui qui ne pouvait ignorer ni la loi ni même la date de naissance de son employée, j’en suis moins sûr. D’autre part que Juliette n’ait pas pris la précaution des préservatifs, de la pilule, de l’avortement, qu’elle n’ait rien vu de sa grossesse, là j’ai plus de mal. Que cette grossesse prématurée soit la transition un peu violente vers la vie d’adulte cela en revanche me paraît logique.
Au risque de choquer, je dirai que je ne suis pas entré dans cette histoire et ses différents moments parfois difficiles dont chaque chapitre annonce l’épilogue sur le thème du corps. Elle ressemble trop à l’image d’Épinal qu’on pouvait aisément imaginer dès le début à cause de l’instinct maternel, l’attention soutenue de ses parents et de l’ entourage. On sent trop le « happy end » à l’heure où, avoir un enfant toute seule est, pour une femme, devenu une normalité alors qu’auparavant elle était une flétrissure.
Je ne suis pas entré dans cette histoire mais je l’ai lue jusqu’au bout non seulement parce que ce roman est en lice pour un prix littéraire mais surtout par respect pour le travail de l’auteure. Écrire ce n’est pas aligner des mots et tresser des phrases, c’est une épreuve livrée au lecteur anonyme et qui mérite au moins son attention même si elle n’est pas forcément un exorcisme.
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