Le peintre d'éventail
- Par hervegautier
- Le 12/01/2024
- Dans Hubert Haddad
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N°1817 – Janvier 2024.
Le peintre d’éventail – Hubert Haddad – Zulma.
C’est grâce à Xu Hi-Han, devenu enseignant-chercheur à l’université que l’histoire de Matabei Reien nous est révélée. Avant qu’il ne devienne universitaire, le narrateur alors âgé de 18 ans avait connu par hasard cet homme plus âgé que lui, retiré dans les montagnes du Japon, pour recevoir l’enseignement d’un jardinier, peintre d’éventail et amoureux de la poésie. Quelques jours avant le séisme de 1995, à la suite d’un accident de la circulation dont il était responsable et qui avait coûté la vie à une jeune fille, MatabeiIl s’était retiré du monde dans cette pension de famille tenue par une ancienne prostitué, Dame Hison, et avait pris la suite du vieux jardinier. Xu avait à son tour suivi l’enseignement de l’ermite mais s’en était séparé. La modeste vie de Matabei, aussi impalpable que le vent, s’est inscrite à travers le regard de trois femmes, la jeune fille de l’accident, celui de la propriétaire de la pension de famille où il était devenu jardinier et celui d’Enjo, une jeune japonaise mystérieuse et insaisissable dont les deux hommes étaient amoureux et qui provoqua leur séparation.
Les descriptions sont poétiques, parsemées d’haïkus et le style de l’auteur épouse parfaitement l’ambiance de ce roman qui prête au lecteur attentif un dépaysement bienvenu, toute la culture du Japon traditionnel, son mode de vie fait de silences, de réflexion et de respect de la nature, bien différent de l’image moderne que nous donne ce pays, industriel, pressé, soucieux de réussite. La recherche menée par Matabei est apaisante comme un jardin japonais, importante parce que éminemment personnelle, intemporelle, apparemment inutile puisqu’elle porte sur le vent qu’on fait avec un éventail et évidemment transitoire avec la mort comme seule issue parce que nous ne sommes que de passage.
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