Accès direct à la plage.
- Par hervegautier
- Le 20/09/2019
- Dans Jean-Philippe Blondel
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La Feuille Volante n° 1387 – Septembre 2019.
Accès direct à la plage - Jean-Philippe Blondel - Éditions Delphine Montaland.
Ce court roman qui ressemble plutôt à un recueil de nouvelles se décline à la fois dans le temps et dans l'espace, mais comme son titre l'indique, aux abords de la plage. Le lecteur est ainsi entraîné de la Bretagne à la Méditerranée et aux côtes de la Manche, de 1972 à 2002 à travers de petites aventures de vacances vécues par Philippe, Vincent, Maud, Eva...
On n'échappe pas à l'ambiance estivale vue par les adolescents, le père, la mère de famille, les voisins, une galerie de portraits un peu stéréotypés où chacun des intervenants conte pendant cette période, à la première personne, comme sur le ton de la confidence, son expérience, une tranche de sa vie, avec ses malheurs, ses rencontres, ses amours éphémères, ses envies, ses fantasmes, ses espoirs, ses déceptions. On n'échappe pas non plus à l'incompréhension et à l'opposition entre les générations, au sein même de la famille qui pourtant a été un repère et qui maintenant devient un lieu insupportable qu'on aspire à quitter, à la peur des adolescents de devenir comme leurs parents... On a droit aux propos de racisme ou de l'homophobie ordinaires, aux vannes à deux balles des pères plus ou moins avinés et aux discussions de chiffons des mères, avec des vieux souvenirs qui reviennent, obsédants, des regrets du temps passé, la certitude "que c'était mieux avant", des remarques désabusées sur le monde et cet amour auquel on a cru un temps et qui s'est envolé définitivement pour laisser place à la routine, à la jalousie, au mensonge... On s'étonne parfois de ce qu'a été notre vie qu'on voyait bien autrement au départ et qui sait imposée à nous, petit à petit, insidieusement, sans presque qu'on s'en rende compte. Peu à peu on voit apparaître des liens qui existent entre les différents personnages, de toutes origines et de tous âge, banals ou originaux, ce qu'on ne soupçonnait pas au début. Il faut quand même revenir un peu en arrière pour les renouer entre eux.
En face de tout cela il y a cette envie d'écrire pour ne rien oublier, pour créer quelque chose d'original à partir de cela, pour exorciser un passé plein d'insatisfactions, ou peut-être, pour un jeune auteur qui rêve de venir écrivain, ce désir de se lancer dans un monde inconnu tout en se heurtant au paradoxe de l'écriture, celui de vouloir s'exprimer et de ne pas pouvoir le faire pleinement.
On a l'impression de connaître tous ceux qui ainsi se livrent parce que, plus ou moins, on leur a ressemblé pendant quelques temps à ce moment de l'année qui est le symbole de la fête, du farniente du soleil et où souvent tout se révèle.
C'est le premier roman de Jean-Philippe Blondel. Ce livre se lit vite, sa lecture n'est pas désagréable, son style ordinaire, mais j'avoue m'être un peu ennuyé vers la fin
©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com
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