Lorette
- Par hervegautier
- Le 27/10/2017
- Dans Laurence (Lorette) Nobécourt
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La Feuille Volante n° 1181
Lorette – Laurence Nobécourt – Grasset
Auparavant l'auteure employait, pour signer ses livres, le prénom qui se voulait amical que lui avait donné sa famille : Lorette Dorénavant, et pour des raisons qui ne regardent qu'elle, elle choisit de reprendre son prénom d'état-civil : Laurence. Dont acte. Pour justifier cela (un auteur doit-il ce genre de justifications à ses lecteurs ?) elle recherche des raisons dans la Kabbale, la langue des oiseaux, les lignes de sa main ou les connotations masculin/féminin des lettres qui le composent.. Elle fait ce choix à l'âge de 44 ans parce que, si on l'en croit, le prénom de Lorette lui donnait des boutons, qu'auparavant elle était à demi-paralysée, qu'à cet âge elle a enfin trouvé l'amour et qu'elle a été longtemps hantée par des tendances suicidaires. Après tout c'est là un parcours personnel, cahoteux comme celui de beaucoup d'entre nous, victimes d'injustices, de préférences familiales et avoir songé a interrompre tout cela par la mort nous a tous a moins un fois effleuré. La vie n'est pas un long fleuve tranquille, cela ne regarde qu'elle et un tel parcours peut effectivement faire de vous un artiste qui trouve dans la création matière à tisser une œuvre.. Elle précise que ses parents ne l'ont pas aimée comme sans doute ils l'auraient dû, que sa famille était « incestuelle », qu'elle méritait mieux et qu'elle ne lui a inspiré que de la mélancolie. Malheureusement c'est arrivé à d'autres, quant à son expérience sexuelle incestueuse avec un de ses oncles à l'âge de 18 ans, c'est un détail qu'elle pouvait parfaitement gardé pour elle. Bref, exit Lorette !
J'ai peiné à lire ce livre, écrit par paragraphes successifs un peu comme des détails juxtaposés, énumérés sans grande suite entre eux. Le thème non plus ne m'a pas passionné. Après tout un écrivain puise dans sa propre vie, dans sa propre mémoire la substance de ses livres. Il n'y a rien de dérangeant à cela, à condition qu'il y mette du talent pour intéresser son lecteur. Je n'ai peut-être rien compris, je suis peut-être passé à côté de quelque chose d'essentiel dans l’œuvre de Laurence/Lorette Nobécourt mais je n'ai vu aucun intérêt à ces pages même si l'auteure multiplie les références prestigieuses et les explications intellectuelles pour nous prouver qu'elle a raison de recouvrer son vrai prénom, même si elle démonte les phases par lesquelles elle est passée pour en arriver là. Que dans sa famille la non-parole était la règle a peut-être fait d'elle un écrivain et ainsi l'a sauvée d'une déprime chronique, cela est plutôt sain et parfaitement défendable ; comme elle le dit, le verbe l'a sauvée et donc l'a séparée de ses parents, ce qui a sans doute été un bien pour elle ;
Les artistes changent fréquemment de nom, surtout peut-être les écrivains, pour en adopter un autre qui peut rester un mystère pour tous. C'est à ce moment-là un pseudonyme, ce qui n'est pas les cas de Laurence Nobécourt. puisqu'elle quitte son prénom-diminutif pour se réapproprier son vrai prénom ! Elle n'a, vis à vis de ses lecteurs, ni explication ni justification à donner. Que se soit là une marque de révolte face à sa famille peut se comprendre, mais il n'est pas besoin d'un livre pour s'en expliquer. Elle vit ce changement de prénom comme une véritable renaissance, cela je l'entends d'autant qu'à travers le départ de sa fille pour le Canada, une séparation donc mais une séparation normale entre parents et enfants qui s'aiment, elle reçoit sa gourmette d'enfance au nom de Laurence et y voit un symbole.
J'avais abordé l’œuvre de Lorette Nobécourt à travers « Le Clôture des merveilles » qui m'avait bien plu (La Feuille Volante n°1169) ; Je dois dire qu'ici, j'ai été un peu déçu.
© Hervé GAUTIER – Octobre 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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