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la feuille volante

Le diable est dans les détails

N° 1484 - Juillet 2020.

 

Le diable est dans les détails – Leila Slimani – Éditions de l’Aube.

 

Il s’agit d’un recueil de six textes essentiels, articles de presse et nouvelles, parus de 2014 à 2016 dans l’hebdomadaire « Le 1 », écrits par Leila Slimani, journaliste française d’origine marocaine, musulmane, née en 1981 et Prix Goncourt 2016 pour son roman « Chanson douce ».

Deux des articles de presse (« Une armée de plumes » et « Intégristes, je vous hais ») ont été écrits après les attentats islamistes perpétrés à Paris en 2015. L’auteure y prône sans ambage la lutte à mener contre les extrémistes religieux musulmans et proclame qu’elle les combattra avec ses armes, c‘est à dire la littérature. Cette prise de position, venue d’une femme jeune et talentueuse, française d’origine marocaine, de confession musulmane, issue d’une longues lignée d’étrangers qui ont choisi la France, est d’autant plus courageuse et importante qu’elle se situe dans l’héritage du « Siècle des Lumières » qui prôna la tolérance et le respect de l’autre quant évidemment ce dernier est respectable et désireux de faire progresser le bien commun, ce qui n’est pas le cas des islamistes. Cette parole intervient au moment où notre pays est traversé par une période de doute, notre pays qui, de tout tout au long de son histoire a été une terre d’immigration et d’accueil même si cette affirmation a parfois pu être prise en défaut, un « creuset » qui s’est enrichi de nationalités, de cultures différentes de la part de populations étrangères venues ici, certes pour des raisons économiques ou politiques, mais bien souvent aussi parce que la France reste le pays des droits de l’homme et de la liberté, celui de Voltaire, d’Hugo et de Jaurès et que beaucoup qui souvent étaient venus de très loin, ont choisi de défendre ses valeurs. Au cours de notre histoire cette intolérance a bien souvent bousculé notre société pour des raisons religieuses qui n’avaient rien à voir avec l’islamisme mais qui se sont révélées désastreuses parce que peu de gens l’ont combattu ou qu’ils n’ont pas pu être entendus. Que ce fanatisme puisse s’établir dans la terreur et la violence, qu’on veuille ainsi, pour des raisons obscures, substituer notre belle langue française, notre laïcité, notre attachement à la culture et à la république, à une toute autre façon de voir et de vivre les choses est inconcevable dans notre pays et que tout ce qui fait notre spécificité soit ainsi menacé pour des raisons religieuses qui bien souvent confinent à l’obscurantisme est révoltant et inadmissible. Les choses ont heureusement changé parce que l’information circule, qu’on ose enfin bousculer le tabou de la religion et que les intellectuels, avec le talent et leurs mots, peuvent ainsi, par leur exemple, provoquer des prises de conscience(« Une armée de plumes »)

L’auteur s’affirme parisienne, ce Paris de Victor Hugo autant que d’Ernest Hemingway reste un symbole bien souvent attaqué par des terroristes qui n’ont pas tous et toujours été des islamistes mais qu’on y perpétue des attentats aveugles et meurtriers en s’en prenant aux populations occidentales parce qu’elles sont mécréantes, aux femmes, aux juifs pour la seule raison de leurs race ou de leur religion ou à des journalistes, ne saurait trouvé d’explications rationnelles. Elle s’insurge contre le dogmatisme et le fanatisme de l’Islam, contre une lecture partielle et partisane du message religieux(« Le diable est dans les détails »), fustige avec raison notre grande naïveté qui consiste à faire semblant de croire, au nom du respect des cultures mais aussi de notre intérêt économique de marchand d’armes que des pays islamiques qui sont nos clients ne jouent pas le double jeu en fournissant ces mêmes armes à ceux qui nous attaquent et veulent substituer la charia à notre droit. Ce qu’elle dit est pertinent et nous remet devant la menace terroriste chaque jour plus présente et menaçante. Pour autant, même si notre religion chrétienne est maintenant globalement apaisée, elle a suscité au cours de notre histoire bien des conflits meurtriers, bien des injustices et ses représentants, bafouant bien souvent l’évangile dont ils disent s’inspirer, encombrent encore les prétoires et les prisons. Cette forme de violence est tout aussi inadmissible et doit être combattue.

 

 

©Hervé Gautier mhttp:// hervegautier.e-monsite.com

 

 
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