la feuille volante

Truismes

 

La Feuille Volante n° 1362 Juillet 2019.

 

Truismes Marie DarrieussecqP.O.L.

 

Si on s’en tient à la définition du dictionnaire « truisme » signifie vérité évidente, banalité, lapalissade… Je me suis dis dit naïvement que ce roman allait traiter de ce genre de chose. Après tout pourquoi pas ? Que nenni, c’était seulement un jeu de mots et dès les premières pages le lecteur fait connaissance avec une jeune fille sans nom ni prénom, prête à tout pour se faire embaucher dans une parfumerie qui est aussi un salon de massage et dont le lecteur ne met pas longtemps à comprendre qu’en fait il s’agit plutôt d’un lupanar. Quand à elle, elle finit par se métamorphosé… en truie ! Il y a d’autres « métamorphoses » intéressantes mais celle-là est pour le moins inattendue. Elle va, en tant que narratrice, nous expliquer pourquoi et bien entendu ça va être un peu cochon, mais peu importe, c’est un peu dans l’air du temps et quand on a pas autre chose à dire on fait dans ce genre de registre. Et puis, quand on est écrivain, il ne faut surtout pas se faire oublier, il faut qu’on fasse parler de soi, à n’importe quel prix.

Mais revenons à l’histoire, si tant est qu’elle existe autrement que comme une succession de péripéties abracadabrantesques et souvent glauques, parce l’intérêt qui en principe doit s’attacher à un roman est ici particulièrement inexistant, à part peut-être les scènes osées, même si elles sont juste évoquées, et à condition d’aimer cela. Cette jeune fille fait part de ces petites misères, de ses envies et de ses fantasmes, de ceux de ses clients, de ses petites mésaventures, de ses transformations un peu surréalistes, de ses peurs, de son métier et de la façon de le pratiquer. On peut sans doute voir dans cette succession de pages parfois érotiques parfois bizarres, un message de solitude pour cette jeune fille qui multiplie les rencontres sans lendemain, mais elle n’a elle-même aucun relief. Là aussi, pourquoi pas ? On peut aussi y voir le résultat de l’imagination débridée et féconde de l’auteure mais je n’ai que très peu goûté cet aspect. J’ai poursuivi ma lecture essentiellement pour savoir si l’épilogue rachèterait le reste, peut-être aussi parce que Marie Darrieussecq fait partie de ces auteurs que je lis parce qu’ils sont médiatisés et qu’ainsi je peux m’en faire une idée et pouvoir en parler. Et puis je n’ai pas bien saisi le sens de la métamorphose constante de cette jeune fille qui redevient truie au hasard des circonstances, prend parfois figure humaine mais ne perd pourtant pas le sens des réalités en faisant constamment référence au prix des choses et à l’argent. La symbolique de la transformation a dû m’échapper d’autant qu’elle n’est pas la seule à qui cela arrive !

C’est écrit avec un style très quelconque et ce roman, comme d’ailleurs tous ceux que j’ai lus de Marie Darrieussecq, me laisse le goût assez amer d’avoir perdu mon temps et de n’avoir rien retiré de cette lecture. Peut-être suis-je passé à côté d’un chef-d’œuvre sans m’en apercevoir ?

Même les excuses de l’auteure dès les premières lignes n’ont pas suffi à gommer ma déception.

 

©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com

 

 

 

 

 

 
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